Annoncé à Douala pour Jeudi prochain et à Kribi pour Samedi, Paul Biya qui confirme la pose de la première pierre sur le pont du Wouri, semble vouloir improviser celle de la centrale à gaz de Kribi qui fait face depuis quelques mois à une crise de lancement. Le « Chef de chantier » comme il veut bien l’être après des annonces sur des révolutions énergétiques encore attendues voudrait voir la concrétisation des promesses faites aux peuples face aux défis de la sous-région qui de plus en plus lui a fait confiance. Entre état des lieux biaisés et coup de publicité, votre journal a enquêté.
Une grande annonce à retenir : La vente totale de l’actionnariat du Groupe AES à Actis pour ce qui est également de ses parts dans KPDC (Kribi Power Development Corporation) et DPDC à 108 Milliards de Fcfa. Une fuite en avant après son échec cuisant dans l’investissement pour la construction de la centrale à gaz de Kribi.
La révolution énergétique tant attendue n’aura pas lieu. Dans les coulisses et les analyses d’experts de la centrale à gaz de Kribi, la demande en électricité de 8 à 10% par An est devenue très importante et la production en énergie de celle-ci ne pourrait que régler le problème instamment jusqu’en 2015. Une recommandation de 114 Mw de production supplémentaire est donc proposée pour les 330 Mw nécessaire pour être à l’abri des difficultés.
Perdu dans les déclarations et statistiques, ces responsables de la gestion du projet de Centrale à Gaz se confondent en déclarations et prétextes parce que le port en eau profonde de Kribi avance à pas de géant. Ce qui engendrera une forte demande d’électricité compte tenu des investissements préconisés pour son fonctionnement.
Le Groupe AES qui a racheté la Sonel en 2001 pour une miche de pain a semblé dire qu’elle avait été floué par l’Etat et que sa spécialité était l’énergie thermique. Dans une duplicité dont eux seul on le secret, elle va engranger un actionnariat très important au sein de la KPDC pour une révolution énergétique venant de « son expérience ». 173 milliards seront investis avec pour les premiers essais l’achat pour le fonctionnement de la centrale du fuel lourd livré par une entreprise appartenant à Bekolo Mbang, PDG de Socaepe. L’essai va s’avérer concluant mais très couteux selon un rapport des représentants de l’Etat au sein du Conseil d’administration. La cassure va commencer et dans un communiqué largement diffusé, le Directeur Technique, Jérémie Bitanga, de la KPDC va affirmer que le prix du gaz à consommer relève d’une stratégie. Ainsi le choix du gaz comme combustible a été faite parce qu’il revient moins cher que le gasoil ou le fuel lourd.
En s’arrêtant un seul instant, il semble judicieux de comprendre qu’il a éloigné l’idée subtile d’utiliser notre production pétrolière pour l’investissement à la centrale à gaz pour l’achat du gaz, un hydrocarbure déjà raffiné et livré actuellement en grande partie par des tankers venant de la Chine. Alors qu’en s’engageant dans le projet le groupe AES avait misé sur l’utilisation de ce fuel lourd en pensant rentrer très rapidement dans ses « frais », le volte-face leur a été proposé. Le désormais retrait certes non confirmé par un quitus de l’Etat semble s’afficher plus comme un chantage qu’autre chose. En venant donc inaugurer la Centrale à Gaz, le Président Biya pourrait être confondu dans ses déclarations dans quelques mois.
2e pont sur le Wouri
La pose de la première pierre de cet ouvrage annoncée depuis quelques mois connaitra sa concrétisation jeudi. Après des batailles d’octroi de marché où les intérêts de pays amis ont été « écorchés », Sogea Satom a réussi à l’emporter. Mais au-delà de la partie visible de l’iceberg, plusieurs sources politiques attribuent cette descente à un coup de publicité ou de duplicité devant un Sommet France/Afrique prévu en Décembre pour lequel le Président Paul Biya est cordialement invité par son homologue François Hollande.
Après plusieurs autres projets « bradés » à la Chine, le Cameroun prouvera qu’il est encore ami à la France et le marché de construction serait une preuve après la visite et la séance de travail récentes d’avec les hommes d’affaires du Medef et du Cian. Affaire à suivre.