Trois ans déjà que le journaliste Bibi Ngota est décédé. Plusieurs personnes se sont prononcées pour tenter de donner les raisons de sa disparition. Et beaucoup de choses se sont dites. Des vérités et des contrevérités, venant parfois des spéculateurs ou des personnes sans une réelle connaissance des tenants et les aboutissants de ce dossier. Condamné par contumace à 15 ans d'emprisonnement ferme, Simon Hervé Nko'o, l'un des protagonistes de cette affaire vient d'être une fois de plus cité au tribunal. Cette fois ci, à travers, une lettre faisant office de procès-verbal dont on lui attribue la paternité dans le cadre de l'Affaire opposant le ministère public à Etoundi Oyono, une prolongation de l'affaire Bibi Ngota. Depuis son exil européen, l'ancien journaliste de l'hebdomadaire Bebela, sort de son silence et donne sa version des faits. Il revient de long en large sur cette affaire. De ses débuts jusqu'à l'assassinat de Bibi Ngota. Sur sa condamnation, ses relations avec Etoundi Oyono et de la fameuse lettre qui circule au tribunal, tout en apportant des démentis aux nombreuses déclarations déjà faites à ce sujet et à son encontre. Exclusif !
Trois ans que vous avez quitté le Cameroun. Comment se porte Simon Hevé Nko'o. Que faites-vous aujourd'hui ?
Bonjour je me porte très bien moralement et physiquement. J'ai repris le chemin de la fac et je termine en ce moment un master II en journalisme et affaires internationales une formation unique en Europe répondant à une double exigence ; l'alliance de savoirs académiques, enseignés par des professeurs d'universités de renom et d'acteurs majeurs du champ international et l'apprentissage du métier de journaliste par l'intervention de professionnels des médias.
On se souvient que vous avez quittez le Cameroun dans des conditions assez particulières. Dites-nous pourquoi vous avez été obligé de partir ?
J'ai été contraint à quitter mon pays en raison de cette affaire dite " Bibi Ngota " sous injonction des services de renseignements du Cameroun. A mon retour du tour cycliste du Cameroun 2010 au petit du 28 Février, je reçois la visite de deux policiers se présentant comme de la police judiciaire qui m'informe de ce que sous haute instruction de leur hiérarchie, je devais quitter le Cameroun sous 48h. Les raisons ? Je n'en sais rien. Pas même le colonel Bomono de la DGRE qui me remet mon personnellement mon passport le lendemain et me dit que Mintya est un malade mental ; sabouang a déjà pris ses documents, bibi n'a malheureusement pas de passport. Une action judiciaire sous ordre du ministre d'Etat secrétaire Général de la présidence est en cours. L'affaire a des relents de manipulations et de règlements de comptes " Vous allez périr "
Comment avez-vous quitté le Cameroun. Avez-vous bénéficié d'un soutien quelconque ? Peut-on avoir une idée sur votre itinéraire ? Enfin pourquoi Sabouang n'est pas parti avec vous ?
Je suis parti du Cameroun pour les circonstances que vous connaissez bien. Ils m'ont remis mes documents de voyages sois disant sur haute instruction de je ne sais qui je devais quitter le Cameroun. Voilà je suis parti vers ceux qui pouvaient au mieux assurer ma protection. Je ne suis pas Sabouang pour le savoir. Peut être il n'a pas cru à la menace raison de son incarcération et assassinat de Bibi après agression de Mintya en prison. Trop de similitudes n'est ce pas ?
Beaucoup de choses ont été dites sur cette affaire. De quoi s'agit-il exactement ?
Comment le savoir ? Les gens ne diront que ceux qu'ils ont entendu et chacun après ira de son commentaire. Plus sérieusement, si vous enquêtez sur les limogeages M OBELABOUT ancien Directeur général de la Dgre et de M Edou l'ancien Délégué général de la police quelques mois après le déclenchement de cette affaire, vous comprendriez mieux le rôle des uns et des autres. Peut être eux, ils ont la vérité et les autres ne la voulaient pas.
Après votre départ vous avez été condamné en 2011 à 15 ans de prison dans une affaire de faux et usage de faux. Vous êtes même présenté comme cerveau du " gang " ayant fabriqué le document controversé. Quel rôle avez-vous joué dans cette affaire ?
Je sais, maintenant que je suis parti du Cameroun, on m'a présenté comme le petit " voyou " qui a fabriqué le document querellé. Une grande aberration de notre police qui a induit la justice en erreur par un manque de pertinence dans leurs enquêtes. C'est bien dommage ! Je m'en raille de leurs 15 ans. Pourquoi pas la perpétuité ? Chacun est allé de son commentaire bourré de jugements alors que personne ne connaît la réalité du dossier sinon ceux qui ont fait tuer Bibi. Car par lui tout a commencé et par lui tout devait finir. La seule chose que je peux dire et redire c'est que je ne suis pas ce que donne à penser aujourd'hui la justice et certains médias de moi. Tout est parti d'une homonymie de noms avec un certain Medime me Nkoo employé à la Snh (société nationale des hydrocarbures) que Bibi aurait dit à Mintya qu'il serait mon père ou mon frère aîné. Il m'a donc appelé et m'a présenté le document qu'il aurait eu de la Snh et qu'il voulait rencontrer le monsieur que je ne connaissais d'ailleurs pas. Nous nous sommes retrouvés en face de la CNPS où il m'a donné cette lettre qu'il avait aussi donné à Mintya quelques jours auparavant me disant que ce dernier selon ses informations avait rencontré le DG Maetur (Emmanuel Etoundi Oyono) et aurait pris de l'argent sans lui reversé un centime. Un certain Steve Manga qui est un proche du Dg a pu lui trouver un rendez vous et je devrais l'accompagner à ce rendez vous. Voilà le début mes malheurs.
Savez-vous que ce document était faux ?
Journaliste, le document me donnait des pistes d'enquêtes vers un scoop mais en ce moment, je travaillais dans un journal " bebela " et non Nation d'Afrique comme c'est dit au tribunal. bebela devait donc être le premier à publier le document mais je ne l'ai jamais fait ni même le proposer à ma rédaction.
Si elle était, fausse, qui l'aurait donc fabriqué ?
C'est ce travail non fait que je reproche à notre police et à notre justice. Au moment des faits, je suis bien plus diplômé que mes compagnons d'infortunes et les règles de bases dans une rédaction administrative d'un supérieur à un subordonné ne le sont pas dans ce document. Bibi peut être, pouvait mieux nous dire. Paix à son âme. J'ai appris pas mal de choses sur moi à ce sujet. Heureusement, l'éternel Dieu ne sommeille ni ne dort ; ils sont encore allés sortir de leurs laboratoires pareils document soit disant signé et daté de moi un an avant mon arrestation.
Vous avez été arrêté ainsi que trois autres journalistes (BIBI NGOTA, SABOUANG et MINTYA) par les éléments de la DGRE (Service de renseignement du Cameroun). Comment avez-vous été arrêté ?
Je suis arrêté un vendredi soir aux alentours de 20h au niveau du quartier Emombo où quatre hommes m'obligent à monter dans une voiture banalisée de marque Mercedes et après m'avoir délesté de mes portables. Je pense en premier lieu à une agression que non ; le conducteur se présente comme officier supérieur des renseignements généraux du nom de "Dakolé " démasqué plus tard comme étant le capitaine Akono Zé et passe toute suite à l'offensive dans un langage codé " 628 retour case bas " quelques instants après je suis dans les locaux de la DGRE.
Le séjour dans les locaux de la DGRE a duré combien de temps ?
Une bonne semaine d'enfer
Dans quelles conditions étiez-vous incarcéré ? Comment s'est déroulé votre interrogatoire ? Etiez-vous assisté par un Avocat par exemple ?
Cellules sans ouvertures extérieures Application de coups de barres de fer à béton de 10 sur ma plante des pieds entraînant blessures et ecchymoses, puis passage au chalumeau allumé à quelques centimètres des blessures pour en raviver la douleur, sauts et courses sur du gravier en me forçant à chanter l'hymne national Balançoire : ligoté comme une bête prête à rôtir, on fait tourner la barre de fer tandis que des coups pleuvent sur mon dos. Des coups assénés au choix, avec des tuyaux en caoutchouc, des chaînes ou du fer à béton de 10. Supplice du fût d'eau, où l'on plonge ma tête dans l'eau jusqu'à la limite de la noyade. Isolement total, pas de contact avec l'extérieur. Perte de toute notion du jour ou de nuit. Etc. Personne n'était autorisé à me voir pas même ma directrice de publication venue chercher à savoir pourquoi j'étais là et comment je me portais…
Qu'est ce que les agents de la DGRE voulaient savoir ? Avez-vous été entendu sur procès-verbal ?
Mes bourreaux voulaient savoir mes connaissances à la SNH. Si j'avais des liens de familles avec ce monsieur Medime Me Nko'o et d'un autre monsieur du nom d'Angoula Nkoto.
Il n'y a pas eu un seul procès verbal si oui une décharge de sortie signée dans le bureau du capitaine Akono zé le vendredi 12 février 2010 à 19h.
Au cours de l'interrogatoire avez-vous signé un quelconque document ?
Je dis et je répète je n'ai signé qu'un document à ma sortie le 12 février à 19h.
Comment avez-vous été libéré ? Avez-vous rencontré un médecin après votre libération ?
J'ai été libéré sur ordre du directeur général de la DGRE M Obelabout après toute la pression médiatique qui a eu et les nombreux soutiens que les confrères m'ont apporté. Je ne le dirai jamais assez merci. Je suis sincèrement très reconnaissant de cet acte et remercie de m'avoir sauvé la vie.
J'ai bel et bien rencontré un médecin à ma sortie et un certificat médical a été établi et envoyé à tous les organismes de défense des droits de l'homme et des libertés afin que nul n'en ignore sur les actes barbares de tortures qui continuent à exister dans un pays qui se veut de droit.
Quels étaient vos rapports avec ETOUNDI OYONO (ex DG de la MAETUR). Comment l'avez-vous rencontré ?
Je n'avais aucun rapport particulier avec ce Monsieur qui je répète ne peut coller un nom à mon visage.
Comment as-tu appris la mort de BIBI NGOTA, ton compagnon de fortune ?
Par la presse et le mouvement des journalistes Camerounais qui demandaient la manifestation de la vérité sur sa mort.
Quels rapports entretenais-tu avec les autres (MINTSA, SABOUANG et NGOTA) ?
Mintya je ne le connais pas particulièrement. J'avais appris qu'il était directeur de publication d'un journal que je n'avais jamais vu. Je confirme d'ailleurs le qualificatif du colonel Bomono de malade mental. Je l'ai rencontré deux fois en compagnie de Bibi Ngota et une fois dans le bureau de mon ami serge Saboaung qui, il faut le dire s'est pas mal défendu en m'enfonçant pour se tirer d'affaires grâce à son avocat. Bravo à ce dernier. J'ai lu la décision de justice et j'apprécie le dilettantisme de son celui ci. Opportunistes sans morale ni talent, faiseurs de leçons, menant ainsi la cour n'importe où.
Le nom de Steve MANGA a été cité il y a quelques jours au cours de l'audience de l'affaire ETOUNDI OYONO. Connaissez-vous ce journaliste ? A-t-il joué un rôle dans cette affaire de " fausse lettre " ?
C'est lui qui nous introduit chez M Etoundi. Son rôle ? C'est me prêter les dons divins. La justice et la police auraient dû faire leur travail. Il n'a jamais été interpellé pourquoi ? Pourquoi est t-il venu donner de l'argent à Sabouang à la Dgre lorsque " dakolé " et sa bande ont demandé 150000 Fcfa pour le libérer ?
Depuis votre départ du Cameroun, avez-vous gardé les contacts avec les autres (MINTYA et SABOUANG ou quelqu'un d'autre ?
Qu'est ce que je ferai avec le contact de Mintya ? Ça ne rapporte rien le contact ou l'amitié de Mintya C'est quelqu'un qui est atteint de démence et c'est bien dommage pour lui qu'il n'existe pas encore de traitement clinique pour cela. Serge Sabouang ce fut un grand frère et ami. J'ai son numéro de téléphone mais depuis la police judiciaire où il a menti sur moi en cherchant lui et son avocat de mettre tout sur moi. J'ai mieux compris cette parole de la bible qui dit " que chacun se tient en garde contre son ami car l'ami répand des calomnies " raison pour laquelle, je n'ai plus cherché à le contacter. J'ai gardé mon silence car la parole de Dieu dit qu'il faut le faire et l'Éternel Dieu combattra pour toi. C'est ce qui s'est passé.
Selon nos informations, vous avez été approché par les personnalités camerounaises, notamment des ministres comme Biyiti Bi Essam et Kontchou Koumegni. En quels lieux et en quelles circonstances ?
Non non j'ai gardé des bons contacts avec plusieurs personnalités du Cameroun qui étaient déjà mes amis avant mon départ du pays. C'est pourquoi certains peuvent vous dire que j'ai été vu à Milan, Bruxelles Paris... avec certaines personnalités du Cameroun. Des gens que vous évoquez Non je refuse qu'on interprète mes relations. Le professeur Kontchou est un homme rempli de patriotisme et d'amour pour son pays. Il était à Bruxelles je n'en sais pas trop sur les raisons mais lors d'une soirée chaleureuse, il a bien voulu répondre aux questions de ses concitoyens sur les opportunités d'investir au Cameroun et par ricochet faire un tour d'horizon de l'actualité au Cameroun et a ainsi évoqué mon cas. Comprenez qu'au Cameroun, il n'y a pas que mes bourreaux. (Rires). La preuve je vous parle aujourd'hui.
Ils roulaient pour le compte de qui et que voulaient-ils savoir ?
Il faut dire beaucoup de ceux qui ont gardé les contacts avec moi me proposent pas mal de choses. Je vais vous dire d'ailleurs qu'un haut gradé du Cameroun m'a demandé d'aller à paris faire une déposition auprès du chef d'antenne Dgre un certain Ongolo. Ma sécurité et mon retour au pays seront garanti selon lui avec toutes les assurances possibles. Je ne crois pas beaucoup parce que justement je me pose bien des questions comme vous pour qui rouleraient t-ils ? Je n'en sais pas trop. Je suis passé à autres choses aujourd'hui et le Cameroun est devenu la préhistoire pour moi.
Depuis le mois de Mai dernier, un procès a été ouvert à Yaoundé. Cette fois, c'est Etoundi Oyono (DG du PAD) qui est poursuivi pour complicité de faux et usage de faux. Tu y es présenté comme le principal artisan de la fausse lettre attribuée à Laurent ESSO. Une fois de plus, Avez-vous rencontré Etoundi Oyono ? As-tu perçu d'une manière que ce soit de l'argent pour une mission quelconque ?
Disons simple Je ne veux pas revenir sur des inepties de déclarations des uns ou les hystéries des autres. J'ai dit, j'ai rencontré Monsieur Etoundi mais je le répète tout s'est passé si vite en cinq minutes dans son bureau à la Maetur en présence de M Manga, Bibi et M Mebiam. Je n'ai pas pris un seul moment la parole. Si ces personnes sont en vie au Cameroun ceux qui craignent Dieu peuvent le témoigner. J'accompagnais Bibi et Manga. C'est ce dernier (Manga) qui parlait et a demandé à la fin de son discours à M Etoundi du carburant pour sa voiture et M Etoundi lui a remis à lui, un carnet de bon de carburant.
Il y a pourtant cette lettre présentée comme écrite, signée et certifiée par vous lue à la barre dont toute la procédure de fabrication de la fausse lettre y est décrite ?
J'ai moi aussi reçu les six pages de cette lettre. Très amusant le scénario est digne d'une série américaine (rires) disons en simple c'est une belle et étonnante anticipation de ma part de raconter une histoire qui va se passer un an après. Me voilà un Dieu après avoir été un " truand ". Non nul n'est dupe nous connaissons tous comme cela se passe lorsque vous êtes déjà accusé. Pour moi. Je m'en moque mais c'est bien regrettable que dans mon pays la police et la justice ne puissent apporter des preuves concrètes dans un procès. On établit un procès sur des supputations, les " ont dits ", les " ils pareils que ". Voilà les débats de la cour. Voilà les enquêtes de notre police. Dommage ! Je ne serais pas surpris d'apprendre autres choses bientôt. Des gens qui ne savent une seule chose de vous que votre nom. Ridicule. Six pages ! Comment font t-ils leurs interrogatoires. Où est le procès verbal d'audition ? Aucun. Vous comprenez que La Dgre est un grand service de brutes sans scrupules, ni cervelles. Non je ne crois pas, j'ai des amis là bas qui sont allés comme moi à l'école.
En principe toute démonstration contraire discréditant les explications dites officielles établies par ceux qui ont le pouvoir est interprétée comme une échappatoire. On m'a lancé des pierres qui m'ont atteints au plus profond de moi même et je porte encore des séquelles Je voudrais donc préciser que je ne prends pas la parole aujourd'hui trois ans après les faits pour défendre un tel ou enfoncer un autre. Au nom des mes amis et connaissances mon silence n'était pas un aveu. Je suis passé à autres choses. J'ai repris mes études et mes activités sous d'autres cieux bien plus reconnaissants de ma valeur. Je voulais juste dire si nous avions une justice dans notre pays, si nos forces de police faisaient correctement leur travail on n'en serait pas là. A mon avis la calomnie à frapper plus largement que les faits cela revient à affirmer que tous les événements sont la résultante d'actions délibérées par des personnes qui auraient des intérêts communs et non contradictoires à ces résultats, et qu'il leur est possible de prévoir avec certitude les conséquences futures sur les uns. Moi j'ai été présenté comme le magicien d'oz face à ces privilégiés du fait de leurs fonctions, sans compétence, libres de tout, jamais stoppés, fidèles vassaux ou collabos de la justice. Il y a des questions que je me pose jusqu'à présent.