Objet: Observations relatives à l'installation de 350 cameras de surveillance dans la ville de Yaoundé. Monsieur le Premier Ministre, La Commission indépendante contre la corruption et la discrimination vous présente ses compliments, et se fait l'écho des citoyens de la capitale, en vous exprimant ses légitimes réserves sur l'installation en cours de 350 cameras de surveillance dans la ville capitale de Yaoundé.
1 - Nous ne comprenons pas véritablement le sens, l'utilité, et la destination de ces cameras, qui de toute évidence, se présentent de façon grossière, encombrante. Il existe des technologies plus discrètes, plus simplifiées, plus efficaces et moins encombrantes. Les citoyens attendent d'avoir des explications sur ce projet, le marché, les initiateurs, le montant, les motivations réelles.
2 - Les citoyens de cette ville, auraient de loin, préféré s'ils étaient librement consultés comme cela se fait dans un pays normal, une capitale normale qui veut grandir et se faire respecter et aimée, opté pour l'installation de 350 feux de circulation. La circulation à Yaoundé est livrée à l'anarchie la plus parfaite et chacun circule à sens et à contresens. Les accidents sont ainsi devenues légion, et même les policiers pour la plupart mal choisies sont dépassés complètement. On rencontre à des carrefours, ces jeunes dames de la police qui causent à longueur de journée, n'ayant plus aucun pouvoir ni idée pour faire face au mal. Et pour quelques agents de police consciencieux qui essayent de bien faire leur travail, ils risquent à tout moment d'être renversés et envoyés à la morgue sans préavis.
On a besoin ici des feux et non des cameras. Il n'y a aucun doute que le budget de ces cameras pourrait largement nous équiper en feux si cruellement absents à Yaoundé comme à Douala.
3 - Puisqu'il y a l'argent pour les cameras, pourquoi ne pas trouver l'argent pour construire une dizaine d'échangeurs dans la ville à des carrefours stratégiques qui rendraient la vie moins pénibles aux citoyens? Pra exemple: carrefour de la poste; carrefours Ngousso; carrefour Ekounou; carrefour Warda/Capitole; carrefour Mvog Mbi; carrefour Kolbisson; carrefour Etoudi; carrefour madagascar; carrefour Tsinga/palais des congrès; carrefour de la mort/Ekouldoum.
En réalisant seulement un échangeur tus les deux ans, on y arriverait. Nous sommes en réalité un pays riche et nous pouvons le faire sans recourir à des prêts ni des aides empoisonnés.
Chaque matin et chaque soir, des membres du gouvernement et des hommes en tenue, bousculent et brutalisent les autres automobilistes, les piétons et les engins à deux roue, pour se frayer un passage de force souvent avec des véhicules de suite, des escortes motorisées et gyrophares, parce qu'il sont puissants et armés. Où est l'égalité entre les citoyens dans la cité? Pareils abus n'auraient pas lieu s'il y avait des feux en nombre importants et des échangeurs, au lieu des cameras qui viennent aggraver les ressentiments des populations.
4 - Depuis longtemps, on creuse partout sur les trottoirs de la ville, pour faire passer toute sorte de câbles certes utiles. Mais il est très dommage de constater qu'une fois le travail fait, on ne referme jamais, livrant les lieux à la boue et à la poussière, soue de maladie et d'enlaidissement aggravé de la ville. L'exemple de l'axe qui va de Tsinga jusqu'à l présidence de la République témoigne de ce laxisme honteux de prédateurs. Il y a plus de cinq ans qu'on a creusé, et les trottoirs sont restés délabrés. Toute l'élite, tout le gouvernement circule par là pour des marches sportives, mais personne ne s'en inquiète. C'est un scandale sans nom.
5 - Les trois quart de la ville demeure plongée dans l'obscurité la nuit tombée, et là où il existe quelques lampadaires, ceux-ci font pitié par leur vétusté. L'exemple des poteaux en zinc du capitole près du parc Sainte Anastasie et de ceux du boulevard du 20 mai donnent la nausée. Non seulement ils sont d'un autre âge, mais ils sont tordus, délabrés au propre comme au figuré. On se serait attendu qu'au moins ceux du boulevard du 20 mai où le Chef de l'Etat préside les cérémonies des fêtes nationales, soient entretenus, modernes, hélas, ce n'est une préoccupation pour personne. Allez donc voir à côté à Malabo, à Abidjan, à Dakar, à Libreville. Que fait-on avec ce gros budget de la ville. Yaoundé doit quitter le statut d'un grand village où l'on arrange juste quelques pistes comme à Ekounou, pour entrer dans le statut d'une ville moderne où l'on trouve de grands boulevards bien éclairés avec des lampadaires modernes des feux et des échangeurs. L'installation même de un million de cameras espions et grossiers de surveillance ne fait pas une ville moderne. C'est l'inverse.
6 - Enfin, il est urgent d'enlever les installations publicitaires géantes que l'on trouve plantées dans les grands carrefours de la capitale. C'est ignoble, inacceptable et insultant pour les citoyens qui ont le sentiment d'un deal diabolique pour enlaidir la ville. D'ailleurs, faut-il le souligner, nos observations valent également pour la ville de Douala qui subit le même sort et où il suffit de quelques idées, de la volonté réellement patriotique et nationaliste, pour construire une véritable ville. Cessez de nous faire honte à Yaoundé et à Douala.
Pour cette capitale économique d'Afrique centrale, il n'y a aucun réel grand projet urbain en cours. En débarquant d'avion, on croit entrer dans une villa abandonnée, un vieux gisement minier. La route qui mène de l'aéroport vers la ville n'a aucun panneau de signalisation, et son état de délabrement fait pitié. On a osé accueillir le Chef de l'Etat et son épouse dans un tel merdier. A Yaoundé comme à Douala, ce sont des dizaines de milliards qui sont croqués tous les ans au titre du budget.
La ville avec son port et ses millions de transactions de toute nature, peut produire plus de mille milliards de Francs CFA chaque jour, mais reste handicapée, défaillante en infrastructures de base, plongée dans l'obscurité, l'anarchie tentaculaire et la régression accélérée. Si la ville à grandit à Douala comme à Yaoundé, c'est en nombre de bars, de bordels où l'alcool coule à flot pour tous et prépare le crime, le désordre dans les familles, le mauvais rendement au travail et la mort des entreprises.
A Douala, nous sommes en face d'un véritable crime contre l'humanité. Année après année, on voit bien qu'il suffirait de lancer des échangeurs pour rendre la circulation fluide, la vie moins pénible pour les populations: Carrefour Besengue; ronnd point Deido; feu Mobil Bonadibong; carrefour école publique de Deido; carrefour omnisport Bépanda; carrefour marché des fleurs; carrefour quatrième; fameux carrefourr Ndokoti; carrefour du port. carrefour des deux églises; carrefour Saint Michel; carrefour Yabassi/Mboppi; Tradex village; Entrée du port/rail derrière Sawa. Hélas, on ne fait rien, on attend qui, des Chinois, des aides, le FMI, la banque mondiale, la France, le ciel, Jésus Christ, Allah, les sorciers, la Reine d'Angleterre? Scandale des scandales. Tout se passe comme si ces deux villes étaient gérées par des étrangers, des non Camerounais qui se fichent éperdument de l'état des lieux.
Monsieur le Ministre, la Commission indépendante contre la corruption e la discrimination vous véhicule ici la colère immense, indescriptible et inconsolable des citoyens. Ils sont nombreux à voir les cameras espions installés à Yaoundé, comme une autre affaire de commissions sur des gros marchés qui font imposer des projets non prioritaires au pays, juste pour faire manger quelques gens puissants ou rusés.
Le développement urbain du pays presse, et la capitale ne devrait plus être un grand village, de même que la ville de Douala devrait bénéficier ne serait-ce que du centième de la fortune qu'elle produit pour l'économie du pays, pour devenir moderne, avec tout ce qu'il faut. L0 encore, c'est la ville où chaque fonctionnaire lutte pour être affecté et bien préparer sa retraite. Pour le développement, ils ne sont point intéressés. Aucun délégué départemental ou régional, aucun sous préfet, préfet, gouverneur, commissaire, magistrat, inspecteur des douanes ou des impôts ne repart de Douala sans avoir acquis un terrain dans la ville, construit sa résidence principale, construit sa résidence secondaire au village, et envoyé deux ou trois enfants à l'étranger.
La Commission est d'ailleurs convaincu que le même projet de cameras de surveillance en cours d'exécution à Yaoundé, serait déjà en préparation pour Douala, pour plus de commissions, pour les mêmes profiteurs et champions des commissions.
Un fois de plus, les citoyens ont besoin d'infrastructures pour améliorer leur quotidien et leur bien être général, et non de cameras. Il y a l'argent au Cameroun, il suffit de le mettre au service du développement.
La Commission indépendante saisit cette occasion, pour renouveler à monsieur le Premier Ministre, les assurances de sa haute considération citoyenne./.
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