Quand dans son message de fin d'année, le Président Paul Biya parle des «points de blocage», des «zones de dispersion», des «doublons» et de ceux qui sont plus «préoccupés de réussite personnelle que d'intérêt général», nos sources, généralement bien informées indiquent qu'il aurait actuellement sur sa table une chemise bien fournie des faits d'armes de tous ses proches collaborateurs mêlés, à des degrés divers, à de gros scandales financiers.
«On gouverne un pays par le souffle, pas seulement par le raisonnement». Commet pour donner la preuve de cette boutade de François Mitterrand, le Président Paul Biya aurait, selon nos sources, décidé de passer à la vitesse supérieure. Aujourd'hui détenteur d'une liste de tous ceux qui sont présentés, aussi bien dans le gouvernement que dans l'administration camerounaise, comme les auteurs des zones de dispersion qui bloquent la marche de l'appareil de l'Etat, il aurait résolument décidé de combattre par tous les moyens ce mal dont souffre notre administration. Ceci, en lui administrant un vrai remède de cheval. C'est vu à travers ce prisme que son récent message de fin d'année, est qualifié de secousse prémonitoire par les sismologues du fait politique de notre pays.
Homme politique de tous les paradoxes, de toutes les intuitions et de toutes les audaces aussi, nos sources indiquent à cet effet qu'il aurait actuellement sur sa table toutes les meilleures cartes. Quand donc il parle de ceux qui sont « plus préoccupés de réussite personnelle que d'intérêt général », ce n'est nullement le fait du hasard. Pour ces analystes, il les connait. Selon eux, quand par exemple un ministre des Travaux publics conspué ne suscite plus de la part des responsables des entreprises des travaux publics que colère, amertume, sarcasmes et parfois mépris, c'est tout un gouvernement entier qui subit une sorte d'opprobre.
Quand dans certains ministères comme le Minepat ne pas débloquer les crédits à temps et ne pas respecter la réglementation et le Code des marchés publics sont devenus des handicaps rédhibitoires, surtout avec un ministère des Marchés publics qui apparaît davantage comme un goulot d'étranglement, c'est justement l'exécution du budget d'investissement public qui s'en trouve pénalisée. Et là, selon eux, il ne s'agit que de la partie émergée de l'iceberg en imaginant les abondants et pernicieux postes de blocage qui pullulent dans les différents services du ministère des Finances.
Pendant que le Président Paul Biya a résolument le regard rivé vers l'émergence, pour eux également, les irréductibles et interminables réseaux de Pierre Titi (un peu le vrai cancer de ce ministère), ne rêvent que d'un Cameroun de sociétés grises où s'affaissent chaque fois devant des usagers impuissants, les distinctions entre le permis et l'inter¬dit, le moral et l'immoral. Toute l'ambiguïté de la lutte contre la corruption et l'instauration d'une bonne moralité dans le service public tient justement de cette contradiction flagrante.
Dictature prébendière
A propos de ce ministère des Finances, au cours de ces 3 dernières décennies, le gouvernement camerounais a abondamment excellé dans la multiplication des déclarations de principe pour combattre la corruption dans ce ministère. Ces déclarations sont pour la plupart du temps rationnellement conçues et porteuses d'espoir. Malheureusement, dans la pratique, elles se sont trop souvent révélées être des catalogues de bonnes intentions vite apprivoisées par des résistances insoupçonnées ayant la peau dure dans ce ministère.
Le simple fait pour le président de la République de les dénoncer, tant qu'un homme comme Pierre Titi est dans ce ministère, suffira-t-il à faire bouger les lignes ? Cela suffira-t-il à inculquer ce nouvel esprit du service public exigé par de nombreux usagers et les bailleurs de fonds internationaux, afin de redorer le blason de l'administration camerounaise ? La vérité ne se cacherait-elle pas dans les détails de cette indéboulonnable longévité de certains cadres de ce ministère à des postes sensibles, longévité qui a fini par mettre en place depuis des décennies un pernicieux système de corruption tentaculaire et indéracinable ? N'est-ce pas ce système qui prend résolument en otage les usagers et résiste à toute velléité de reformes, au point de contribuer à élargir aujourd'hui le fossé entre une caste de fonctionnaires au train de vie ostentatoire et le reste des Camerounais soumis, malgré les discours officiels, à la seule dictature prébendière des pourboires et des passe-droits ?
Il faut l'avouer: c'est ce système qui fait des émules dans toutes les strates de l'administration camerounaise. Au point où chaque agent public, malgré les incessants et redondants appels au patriotisme et au respect de l'intérêt général, fait des mains et des pieds pour intégrer le cercle vicieux. Trop aliénés qu'ils sont par la passion compulsive de l'avoir, ces agents publics n'arrivent plus à s'interroger sur le sens humain et citoyen d'une vie dominée par l'intérêt général et le bien collectif.
D'où ces poches de résistance qui font survivre de manière quasi-pathologique la corruption et l'appropriation du bien public dans tous les étages de ce ministère. A ce propos, paraissent donc vains tous les efforts du ministre Ousmane Alamine Mey depuis qu'il tente d'y veiller à la pratique constante des normes publiques de référence et à la bonne protection de la moralité publique contre l'irruption des passions égoïstes et individuelles.
Malheureusement, il est aujourd'hui difficile de sortir du catalogue des bonnes intentions avec un gouvernement où beaucoup de ministres sentent bon les siestes prises dans un hamac, un cigare de La Havane dans une main et un verre bien rempli de Veuve Clicquot dans l'autre, un parc automobile bondé de grosses cylindrées dernier cri. Or la morale du Renouveau du Président Paul Biya va radicalement à l'encontre de cet increvable cliché. Parlant justement de patriotisme et de l'intérêt général, si le Président Paul Biya n'a jamais cherché à tirer la moindre gloire matérielle ou financière de son long et prestigieux parcours politique et professionnel, s'il n'a jamais voulu tirer le moindre profit des différents postes qu'il a, de tout temps occupés, depuis près de 50 ans (aujourd'hui avec un ancien.
Premier ministre, un ancien ministre des Finances et 3 secrétaires généraux de la présidence de la République en prison, très prolixes en dénonciations épistolaires, on l'aurait déjà su), on ne peut pas en dire de même pour ses proches collaborateurs plus fortunés dont certains sont devenus multi-milliardaires un an seulement après avoir été nommé ministre. Il y a sans doute beaucoup de motifs pour critiquer ces jouisseurs insouciants et non patriotes qui n'assument rien et fonctionnent toujours en marge des recommandations du chef de l'Etat. Mais le hic, c'est cet épineux problème de casting.
N'y a-t-il pas aujourd'hui au Cameroun une ressource humaine de qualité pour que, à chaque remaniement ministériel, l'on ne nous sorte du néant que des hurluberlus pouilleux et misérables à leur nomination qui se muent en quelques mois en repus roitelets arrogants et égrillards ? Quand donc le président Paul Biya pose des questions aux Camerounais, dans son message de fin d'année, sur des questions sur les causes de l'inertie, mais c'est eux de lui demander de quelle poche de son pantalon il nous sort ses lapins...
Pour, répondre à toutes ces préoccupations nous espérons que la cérémonie de présentation des vœux qui a lieu demain au Palais de l'Unité sera une cérémonie d'adieu pour tous ces ministres qui ont trahi la pensée politique du Président Paul Biya.
Discours présidentiel: Ils sont dans le viseur de Paul Biya
- Philémon Yang Yunji (Premier ministre)
- Abba Sadou (Ministre délégué à la présidence de la République chargé des Marchés publics)
- Mme Bakang Mbock née Catherine Louise Marinette Ngo Ndebi (Ministre des Affaires sociales)
- Ama Tutu Muna(Ministre des Arts et de la Culture)
- Mme Youssouf née Adjidja Alim (Ministre de l'Education de Base)
- Emmanuel Nganou Djoumessi (Ministre de l'Economie de la Planification et de l'Aménagement du Territoire)
- Dr. Pierre Taïga (Ministre de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales)
- Patrice Amba Salla (Ministre des Travaux Publics)
- Pierre Hélé (Ministre de l'Environnement de la Protection de la Nature et du Développement durable)
- Pierre Ismaël Bidoung Kpwatt (Ministre de la Jeunesse et de l'Education civique).
- Fernand Adoum Garoua (Ministre des Sports et de l'Education Physique)
- Pierre Titi (Ministre délégué au ministère des Finances)
- Jules Doret Ndongo (Ministre délégué au Minatd chargé des collectivités locales décentralisées)
- Hans Nyetam Nyetam (Secrétaire d'Etat auprès du ministère des Travaux publics chargé des routes)