Pour Mohaman Gabdo, ces «élucubrations» sont élaborées dans des officines maléfiques et visent à stigmatiser les «nordistes» dans la course à la succession.
Mohaman Gabdo Yahya est la première autorité traditionnelle de son rang à réagir avec virulence à la thèse du complot nordiste, entretenue par une certaine élite. Il a publié hier une opinion dans Mutations, où il explique que cette thèse ne vise qu’à stigmatiser les «nordistes» pour succéder à Paul Biya. Il a choisi de porter sa gandoura de lamido, en singleton, pour briser ce qu’il appelle un «silence assourdissant ».
Pour comprendre ce toupet, il faut rentrer dans l’histoire et la vie de ce lamido en rupture avec des habitudes séculaires où la prise de parole en public semble taboue. Au Sénat où il siège, son comportement tranche avec celui de nombre de sénateurs qui n’hésitent pas à le taquiner.
En tout cas, il marche toujours avec son Ipad, connecté sur internet. Sa langue n’est jamais dans sa poche. En fait, Mohaman Gabdo Yahya fait partie d’une promotion des gens bien formés et libres d’esprit. En 1958, le proviseur du lycée de Garoua de l’époque, un certain Moulin, avait affirmé que cette cuvée constituée de Mohaman Gabdo Yahya, Garga Haman Adji, Michel Haman Mana (décédé, Ndlr) etc., est la meilleure de toute sa carrière.
Ce lamido est donc atypique.
Sa sortie dans la presse quotidienne est loin d’être banale. Lui qui est lamido d’un département qui partage plus de 180 km de frontière avec le Nigeria. Son palais de Banyo est situé à seulement 40 km de cette frontière. Prendre une position et la défendre corps et âme, il sait donc le faire. Lui qui est auteur de « Le lamidat de Banyo : épreuves d’hier et défis d’aujourd’hui ».
Mais il serait simpliste d’observer cette sortie seulement sous cette loupe. Mohaman Gabdo Yahya, lamido depuis 1997 est une bête politique. Sa sortie doit donc être comprise sous cet angle. Lui qui est en froid avec d’autres personnalités de son département. Son entrée au Sénat a été un long parcours du combattant, du fait disait-il, d’une main «coutumière de basses manoeuvres». Mais quelque soit le mobile de cette sortie, elle participe au débat en cours non pas seulement
dans les salons, mais dans l’espace public.