ALLEMAGNE::DIASPORA
Allemagne/ Etienne Fopa Simo:"les camerounais en Allemagne sont nos enfants ...ils doivent d´abord nous aider à nous développer"
Enseignant en communication à l´université protestante d´Afrique centrale á Yaoundé, monsieur Etienne Fopa Simo séjourne actuellement en Allemagne où il est venu dispenser des cours dans les universités de Bochum et de Dortmund, universités dans lesquelles il a étudié avant de rentrer au cameroun en 2010.
Rencontré dimanche 28 avril dernier lors de la rentrée sportive solennelle des Vétérans NRW, l´ancien président de l´association des camerounais de Dortmund et de bien d´autres ne cache pas sa joie de retrouver ses anciens amis et nous replonge dans son passé allemand.
Monsieur Etienne Fopa Simo, content de vous revoir en Allemagne. Peut-on savoir l´objet de votre présence en ce moment?
Merci déjà. Je suis très content de vous revoir également. Je suis effectivement Etienne Fopa Simo, un ancien du coin. Je suis revenu parce que je suis enseignant ici et au Cameroun également. J´ai des cours ici et si je ne fais pas ces cours là, mon travail ne peut pas avancer.
Je suis enseignant en communication stratégique pour la paix et le développement. J´ai fini la première série à l´université de Bochum, je continue actuellement à l´université de Dortmund. D´ici á 2 semaines, je pense que ce sera fait.
Qu´est ce que cela vous fait de retrouver ses anciens amis, de se retrouver á la fête des vétérans NRW?
D´abord j´apprécie beaucoup les vétérans parce qu´à les voir, on comprend que le Cameroun a une diaspora assez dynamique. Au Cameroun, il est difficile parfois d´expliquer aux gens qu´il existe á l´extérieur des camerounais bien établis, qui travaillent, se rencontrent et qui parlent du Cameroun et de l´Allemagne aussi.
Venir ici pour moi, c´est d´abord un succès de les voir et revoir. IL y a beaucoup que je connais, beaucoup avec qui j´ai travaillé aussi à l´époque. Je suis content qu´ils soient encore là, surtout qu´ils soient encore engagés à mettre leurs forces dans la vivacité de cette communauté camerounaise et surtout pour le Cameroun parce que de toute façon, ils parlent toujours du Cameroun, de son développement.
J´ai suivi toute à l´heure plusieurs personnes parler de projets au Cameroun. Franchement, cela m´est allé droit au cœur parce que, c´est ce que beaucoup attendent aussi de la diaspora au Cameroun. Diaspora veut dire, ceux qui sont de ce côté et qui nous aident, nous de l´autre côté.
Monsieur Etienne Fopa, parlons aussi de votre passé d´étudiant en Allemagne, on ne va pas oublier votre passage à la tête de l´association des camerounais de Dortmund, Club Camer e.V. Sous votre mandat, cette association a brillé par son rayonnement. Quels souvenirs en gardez-vous encore?
Merci beaucoup de le souligner. Le club camer e.V est comme un bébé pour moi. Franchement, je me souviens bien de la chorale, des clubs de handball-dames (Les Amazones), du football (Les guerriers), du basket, du tennis et de tourisme. Je me souviens, du club des anciens, de la société-cadre qui était là pour amener les jeunes à grandir. Je me souviens de tout cela comme si c´était hier parce qu´en réalité les rues sont restées les mêmes; les trains sont aussi restés les mêmes. Donc quand je passe en route, je me dis que c´est la même chose.
Malheureusement on se rend compte que certaines de ces structures que j´ai citées plus haut n´existent plus, pourquoi? je ne sais plus trop bien. J´ai essayé de me renseigner et il m´a été dit qu´il n´y a pas de gens assez engagés. Je dis non. Quelque part, il n´y a pas assez de motivation pour ceux qui voudraient bien s´engager parce que je connais les camerounais. Ce sont des gens qui s´engagent beaucoup, qui aiment les associations, qui aiment la communauté, leur communauté. Pour cela, ils ont besoin d´un leader qui va leur dire, faisons ceci. Je crois peut-être que cela a manqué un peu dans les années 2009, 2010.
Je vais prier toute á l´heure le président des vétérans de jeter un coup d´œil de ce côté-là car ceux des jeunes qui arrivent en ce moment ont 17-18 ans et ne savent pas ce qu´il y a lieu de faire sur le terrain; en même temps, je sais aussi que ce n´est pas facile pour eux, car ils ont leur propre vie á gérer.
En le faisant, je pense que les vétérans pourront les aider á trouver des repères, à relever cette association qui était l´association-leader en Allemagne á cette époque-là.
Parlant toujours du club camer Dortmund, on vous a vu arriver en compagnie de l´actuel président Césaire Sielatchom. Peut-on savoir si vous lui avez filé quelques astuces pour relancer cette association?
Je ne peux pas redevenir président du club camer e.V Dortmund, ce qui est déjà sûr, je suis de l´autre côté, c´est à dire au Cameroun maintenant. Effectivement, je suis arrivé ici avec le président Césaire Sielatchom, un monsieur que j´aime bien. Je lui ai dit qu´il faut qu´il s´engage davantage. Je lui ai aussi dit que nous sommes une association qui n´est pas composée de gens professionnels dans ce qu´ils font, mais que le président porte la responsabilité de tout ce qui est fait. Avant de déléguer, il faut d´abord voir si celui á qui on délègue a les capacités requises c´est à dire "the right man at the right place". Il ne suffit donc pas de constituer un bureau de 20 personnes alors qu´on ne peut pas rédiger une correspondance. Il faut commencer par les petites choses au lieu de commencer tout à la fois.
À l´époque, j´avais hérité de ce que les anciens avaient fait; ceux-là qui aujourd´hui sont des vétérans. J´ai essayé de conduire le club camer e.V Dortmund comme je pouvais. Si actuellement il y a un essoufflement, je dirai qu´il faille mettre les camerounais ensemble et leur dire qu´ils viennent tous du Cameroun, qu´en réalité, ce qu´ils font ici c´est pour le Cameroun et non pour le président de l´association. Ce dernier n´étant là que pour canaliser les forces actuelles afin que le club puisse avancer.
Président Etienne Fopa Simo, Dortmund organise le challenge camerounais en 2014. Qu´est cela vous a fait d´apprendre la nouvelle et y serez-vous?
J´étais très content d´apprendre que Dortmund organisera le challenge camerounais en 2014. Cela fera déjà deux éditions du challenge camerounais à notre actif, après l´édition de 2005. Peu de villes en Allemagne peut se targuer d´avoir l´honneur d´organiser une édition du challenge camerounais en si peu de temps.
Je rencontrerai le président Jean Matip des vétérans NRW pour lui dire qu´il faudrait que Dortmund 2014 soit un challenge innovateur comme fut celui de 2005, grâce auquel le challenge camerounais a connu une vivacité extrême.
Nous sommes "dortmunder" et allons nous mettre au service du comité technique d´organisation de Dortmund 2014 et de son président, Dr Clovis Njontié, qui est lui aussi présent ici afin que l´édition de 2014 soit celle jamais vécue depuis sa création et que les fautes commises en 2005 seront définitivement gommées. Pour tout dire, on va fermer la bouche á monsieur tout le monde.
Au Cameroun, vous avez la charge de la jeunesse camerounaise á travers les enseignements que vous lui dispensez. En ce moment vous êtes en Allemagne où vous aurez aussi l´occasion de rencontrer la jeunesse camerounaise. Quel message á la jeunesse camerounaise d´ici eu égard á la situation que vit son homologue du Cameroun?
Ce que nous pouvons lui dire avec très peu de risques de nous tromper est que le Cameroun bouge, évolue vraiment. Il suffit de le voir á travers les grands travaux qui se déroulent en ce moment. Ce qui nous touche le plus, c´est par exemple l´autoroute Douala-Yaoundé que beaucoup de camerounais ne voient qu´une fois venus en Europe, jamais chez eux. Or en ce moment, une autoroute digne de ce nom est entrain d´être construite au Cameroun.
Ensuite il y a le programme énergétique lancé par le président Paul Biya qui va résoudre l´épineux problème énergétique en 2015, Comme vous le savez, sans énergie, on ne peut pas penser développer un pays. Avec l´arrivée des chinois, des turcs (je vous rappelle que la Turquie est entrain de faire une percée énorme au Cameroun) et des autres pays, nous pensons que ceux qui vivent en Allemagne constituent une main-d´oeuvre très forte pour le Cameroun, même s´il est aussi vrai qu´ils sont aussi une main-d´oeuvre pour l´Allemagne. Mais ils sont d´abord nos enfants; nous pensons donc qu´ils doivent d´abord nous aider à nous développer pour nous permettre un jour de parler d´égal à égal avec leur pays d´accueil.
D´un autre côté, rester ici est aussi bien pour nos familles pour la plupart pauvres, des familles moyennes. Plusieurs camerounais ici représentent ces familles moyennes dépourvues de sécurité sociale, d´assurance-maladie. Chaque fois donc qu´on envoie un peu d´argent pour les soins et autres, c´est aussi contribuer au développement du pays car le gouvernement en place ne peut pas encore le faire parce qu´il n´a pas assez de moyens. Alors nous comptons sur la diaspora. Les juifs ont une diaspora qui développe leur pays. La diaspora camerounaise doit le faire; elle le fait même déjà.
Pour terminer cet entretien monsieur Etienne Fopa Simo, vous êtes enseignant en communication. Comment jugez-vous la place de la presse locale camerounaise face á la montée de la presse en ligne. Un partenaire ou un concurrent comme pensent certains?
Je pense qu´on peut être très bref là-dessus, au Cameroun, peu de personnes tiennent compte de la presse en ligne. Ils savent qu´on ne lit pas son ordinateur dans le taxi ou sur le benskin, même si on a déjà les I phone 3, 4, ils ne sont pas encore aussi développés au Cameroun qu´ en Europe où on a les Smartphones.
Ce qui marche encore au Cameroun, c´est la radio, cependant, on comprend aussi vite que la radio ne peut pas concurrencer la presse en ligne. Pour tout dire, la presse écrite a sa place; la place écrite a la sienne, la radio aussi.