Clean Oil, le projet d’usine de raffinage des huiles usées de kribi, porté par l’homme d’affaires en prison et des investissements indiens à hauteur de 10 milliards FCFA, est en train de fermer du fait du blocage de ses comptes bancaires par les autorités camerounaises.
Les temps sont décidément durs pour M. Fotso Yves Michel. Le dernier coup de massu asséné à l’homme d’affaire par les autorités camerounaises prend la forme d’une réquisition à Banque du Tribunal Criminel Spécial (TCS). Une ordonnance signée le 21 Octobre 2013 par Mme Annie Noëlle Bahounoui Batenge, juge d’instruction au TCS, demande aux institutions bancaires de « recenser tous les comptes bancaires ouverts au nom de Fotso Yves Michel et ceux ouverts mêmes sous d’autres noms, raisons ou dénominations sociales et pour lesquels il détient le pouvoir de signature seul ou conjointement avec d’autres personnes. » Aux destinataires de sa réquisition, la magistrate commande par ailleurs de « nous indiquer le solde actuel desdits comptes, et faire procéder sans désemparer à leur blocage ».
Cette ordonnance judiciaire a fait l’objet d’une diligence de Me Marie Fidella, huissier de justice à la 4e charge près de la Cour d’appel du Centre et les tribunaux d’instance de Yaoundé le 24 Octobre 2013. Une source interne à une banque de Yaoundé confirme le blocage effectif des comptes bancaires. Des entreprises d’Yves Michel Fotso.
Si aucune explication n’est fournie pour justifier cet accroissement de la répression judiciaire à l’encontre de l’homme d’affaires écroué dans une caserne militaire au Secrétariat d’Etat à la défense pour détournement de deniers publics, l’émission de la réquisition à Banque du 21 Décembre 2013 par le juge d’instruction en charge de l’information judiciaire ouverte contre M. Yves Michel Fotso dans l’affaire Camair est un indicateur du lien avec ledit dossier.
Désormais dépourvu de ressources financières, les entreprises de M. Yves Michel Fotso n’ont pas tardé à être confrontées à d’énormes grognes sociales. De nombreuses charges impayées s’accumulent. Poussé à la faillite, l’homme d’affaires a décidé malgré lui de procéder au licenciement de ses employés qui comptent déjà deux mois de salaires impayés. Il a dévoilé la mauvaise nouvelle aux concernés une semaine après l’expulsion de ses mandataires du conseil d’administration de la CBC.
L’une des entités économiques impactées par la mesure de la juge d’instruction du TCS est le projet Clean Oil, dont les différentes activités sont à l’arrêt pour cause du manque des financements y afférents. La facture sociale est un véritable désastre, un peu plus de 2 000 emplois directs et 5 000 emplois indirects sont menacés d’extinction, y compris la construction d’une usine de ré-raffinage à Kribi.
Le dernier né des entreprises du holding de M. Yves Michel Fotso a été crée en Mai 2013. Un type de projet jamais entrepris en Afrique centrale. Son objet ? La collecte et la récupération des huiles usagées pour leur valorisation par mode de régénération, recyclage et ré-raffinage dont la finalité est la sauvegarde de l’environnement et la préservation de la flore, de la faune et des eaux contre la pollution causée par le diversement des huiles usagées dans la nature. Autrement dit, à partir des huiles usagées provenant des vidanges des véhicules, des grandes industries ou PME comme des garages et des stations services, Clean Oil entendait sortir de son usine une gamme de produits neufs notamment des huiles moteurs, lubrifiants, l’asphalte, le bitume, le gaz propane, etc.
En passe de porter son capital social à 1,5 milliards FCFA avec son partenaire technique, l’indien Thermopac, Clean Oil entendait mettre en place un investissement de l’ordre de 10,1 milliards. L’entreprise tablait également sur une collecte de plus de 6 milliards FCFA de TVA l’an au benefice du trésor public.
Autre révélation fâcheuse, le Cameroun va falloir mettre un trait sur les 50 milliards FCFA d’économie en sortie de devises qui s’évaporent à travers l’importation des huiles lubrifiantes au profit du commerce intérieur. Faut-il craindre la fin du projet Clean Oil au Cameroun ? Le blocage des comptes bancaires plutôt que la détention de M. Fotso Yves Michel incline au pessimisme