Le contre-amiral Nsola n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour étiqueter Egard Alain Mebe Ngo’o de « salaud », de « traître » de « menteur », de « bonimenteur » et de « braqueur à ciel ouvert des caisses abritant la fortune publique ». Des termes d’une virulence à la limite ordurière. Mais des termes qui donnent froid au dos, venant d’une correspondance que l’officier général adresse le 24 mai 2013 au ministre de la Défense.
Sortez les mouchoirs ! Pour rire ou pour pleurer ? A vous le choix, selon que vous êtes un ami ou un détracteur d’Alain Edgard Mebe Ngo’o. Tant les insultes volent bas, les dénonciations plus sarcastiques, les révélations plus renversantes. Traître, menteur, bonimenteur, braqueur, salaud, fils adultérin autoproclamé de Biya, héritier naturel, futur président de la République présomptif, tout y passe pour traiter le ministre de la Défense de tous les noms d’oiseau.
Comme si nous étions au quartier. Venant de la plume, même d’une encre vitriolée, d’un contre-amiral de l’armée camerounaise, on ne veut pas aller jusqu’à croire que cet officier général est devenu un cas psychanalytique, pour basculer ainsi dans le grotesque, voire le ridicule, où les mots comme les rafales d’une mitraillette sont poussés sans discernement au paroxysme. Quand on finit de lire cette correspondance du contre-amiral Nsola, les premières questions qui viennent du coup à l’esprit, tournent toutes autour des motifs d’un tel coup de sang. A savoir. Qu’est-ce qui peut bien justifier un tel degré de haine, d’animosité, de rancoeur ? Un tel déferlement de boulets ahurissants, de boules puantes qui valsent ainsi dans tous les sens, avec leur effet délétère ? Qu’est ce qui peut à ce point expliqué cette poussée incontrôlée d’adrénaline ?
Dans notre quête de démêler l’écheveau de ce surprenant et détonant brûlot, nous avons donc appris que le contre-amiral Nsola et Edgard Alain Mebe Ngo’o sont tous 2 originaires du département du Dja-et-Lobo. En tant que tel, ils se seraient liés d’amitié depuis des lustres. Ils auraient même consolidé celle-ci pour venir à bout de Remy Ze Meka, à l’époque ministre de la Défense, un autre fils du Dja-et-Lobo. Malheureusement au moment de jouir des fruits de cette guéguerre, après la mise en quarantaine de « Bad Boy », le Mindef aurait eu recours à d’autres forces coalisées pour mettre à l’écart l’officier général. Ce que ce dernier n’a jamais pardonné à son « frère » Edgard Alain Mebe Ngo’o.
Cette correspondance est à cet effet symptomatique du degré de haine que se vouent désormais ces 2 élites du Dja-et-Lobo. Sous des éclairages de cet orage qui, dès lors, a commencé à faire luire de tous leurs feux follets tous les scandales financiers qui plombent les flancs de nos forces armées, nous avons donc par la suite, appris que le contre-amiral Nsola aurait réussi à faire parvenir au président de la République, un rapport explosif qui donne des détails accablants sur les nombreux trafics qu’opérerait le ministre de la Défense en Chine. Ce qui aurait davantage accru le courroux de ce dernier, au point de solliciter auprès du chef de l’Etat le versement en 2ème section par retrait d’emploi et limite d’âge du contre-amiral Nsola.
Seulement, la sagesse commune conseille que plus il y a le vacarme quelque part, plus il faut tendre l’oreille. Dans ses récriminations, le contre-amiral Nsola a toujours parlé de Polytechnologies Inc et de la Industrial and Commercial Bank of China.
Apocalypse
Que sait-il au juste par rapport à toutes les tractations que mène dans ces 2 structures, et peutêtre d’autres, le ministre de la Défense ? S’il en parle avec insistance, cela veut dire qu’il en sait long, depuis que notre pays a choisi la Chine pour s’équiper en matériel militaire. Pourquoi ne lui donne-t-on pas une occasion pour mieux s’expliquer ? Surtout qu’il se raconte sous les chaumières que les fonds ayant servi à financer la campagne électorale de la présidentielle de 2011, auraient été débloqués par le ministre de la Défense. Ce qui expliquerait son maintien actuel dans le gouvernement. Des histoires et des histoires de cet acabit sont racontées à l’envie par les proches du contre-amiral… pour fustiger ces nombreux scandales qui sont dans le sillage du Mindef depuis qu’il a remplacé Remy Ze Meka.
Au même moment, ceux-ci montrent du doigt l’étonnant enrichissement du Mindef et de ses proches. Parlant justement de ces proches, des indiscrétions glanées au cours de nos récentes investigations affirment qu’après avoir lu cette dernière correspondance du contre-amiral Nsola, le colonel Mboutou, courroucé, aurait réussi à joindre l’officier général au téléphone. Une occasion rêvée par ce dernier pour rappeler à ce proche du Mindef que c’est lui qui, il y a quelques années, aurait réussi à faire changer d’avis Amadou Ali, à l’époque ministre de la Défense, déterminé à l’exclure de l’armée à cause de son faux diplôme de baccalauréat .
Par la gravité des faits qui sont donc révélés dans cette correspondance du contre-amiral, la liberté avec laquelle il accable le Mindef prouve que malgré les apparences, la situation demeure préoccupante au sein de l’armée camerounaise. Et que de sérieux craquements commencent à se faire entendre dans l’entourage du chef de l’Etat. Une preuve supplémentaire que les éléments constitutifs du chaos, s’il advenait un jour, doivent être recherchés dans ce proche entourage présidentiel devenu le terreau de tous les scandales.
Alors lisez la fin de la correspondance sous forme d’apothéose et d’apocalypse : « Bon courage, Monsieur le fils adultérin autoproclamé de Biya, et son héritier naturel, futur président de la République présomptif, à ces titres ». Cela fait assurément ronronner de plaisir et d’aise les nombreux détracteurs d’Edgard Alain Mebe Ngo’o. Mais ça laisse une très mauvaise image de l’armée camerounaise.