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12 juillet 2014 6 12 /07 /juillet /2014 15:05

Et pourtant chaque personne pourrait avoir une maison

Si vous demandez à un camerounais quel est son plus grand souci par rapport à sa retraite, il vous dira sans beaucoup de surprise que c'est celui de ne pas encore avoir une maison à lui. C'est ce souci qui explique en partie la corruption et les détournements de biens dont souffre notre société.

Les camerounais ne gagnent pas suffisamment et les maisons coutent chers. Et ce besoin, parmi tant d'autres est si important et pressant que malgré les mesures d'assainissement du bien public entreprises par le gouvernement, les employés du public comme du privé (quand ils peuvent) continueront à prendre le risque de se retrouver en prisonpour s'assurer un toit au-dessus de leurs têtes. En d'autres termes, tant que le problème du logement, qui relève véritablement de la survie n'est pas réglé, on ne pourra raisonnablement s'attendre à ce que la distraction du bien public s'arrête.

Dans un pays où le revenu moyen, selon l'Institut National de la Statistique est de 36.000 FCFA et où le cadre de la Fonction Publique reçoit en moyenne 150.000 FCFA, on ne peut raisonnablement espérer que les gens résolvent ce problème eux-mêmes, sans l'aide de l'Etat. L'Etat doit en faire son problème à part entière. Il le fait déjà à travers la construction des cités et le programme des logements d'habitation sociaux en projet. Mais ce que nous suggérons ici c'est l'élaboration d'une politique nationale du logement dont le programme d'accessibilité au logement serait une composante. Une politique nationale de logement semblable à celle entreprise par le Gouvernement libyen pour loger tous les camerounais est en vue ici.

Cette politique serait en cohérence avec une certaine politique industrielle dont le volet transformation des matériaux de construction locaux viendrait en appui. On résoudrait ainsi une partie du problème de chômage et d'accès au logement pour les plus pauvres. Et la bonne nouvelle c'est qu'il peut car Il a déjà en sa possession les moyens de cette ambition.

Peut-on sérieusement envisager offrir une maison à chaque personne ? D'autres pays tels que la Libye l'ont fait. En fait il se dit que le Colonel Kadhafi avait juré, lorsqu'il est arrivé au pouvoir que ses parents ne quitteraient pas leurs maisons misérables tant que le dernier libyen n'aura pas été convenablement logé. Il a parait-il tenu sa promesse. Continuer sur la Libye

A juste titre me direz-vous, la Libye était un pays riche producteur de pétrole dont les revenus étaient supérieurs à ceux du Cameroun. Prenons alors un autre cas, celui de Cuba qui non seulement n'est pas riche en soi mais qui aussi croule sous un embargo américain vieux de près de 50 ans et qui a aussi gagné ce pari. En 1996, 85% des familles cubaines possédaient une maison selon Jim Hamberg, urbaniste et enseignant à State University de New York. Concédons-le, les habitations cubaines n'ont peut-être pas le plus grand standard de luxe, mais l'essentiel est que tous les individus soient décemment logés.

Le point que nous voulons faire ici est qu'on n'a pas besoin d'être riche en argent pour loger décemment les populations. Il faut simplement être riche. Et tous les pays sont riches en quelque ressource. La Libye était riche en pétrole, le Cuba en idéologie et en volonté politique et le Cameroun peut s'enrichir en vision et en volonté nationale. Nous avons les moyens d'offrir des logements à tous les camerounais, car nous sommes aussi riches en ressources naturelles.

Une précision cependant. Il ne s'agit pas ici d'un Etat vache à lait qui offre des biens à des citoyens qui se croisent les bras. Très peu d'Etats peuvent se le permettre et le Cameroun ne fait certainement pas partie d'eux. Le rôle de l'Etat dans ce cas-ci serait degénérer une dynamique, pourvoir au capital, assurer le risque, garantir les prêts auprès des institutions financières et assurer l'organisation efficace, honnête et transparente du programme.

Devenir riche en matériel de construction

De quel matériel a-t-on besoin pour la construction d'une maison ? De l'acier pour la structure, du ciment pour les murs et le sol, du bois pour les portes, fenêtres, le mobilier, le parquet et de la céramique pour l'équipement des toilettes et des cuisines. Le Cameroun possède tout ce matériel à l'Etat brut.La céramique et le ciment par exemple viennent du sable que nous avons en abondance.

Mais pour se lancer dans une pareille ambition, il faut être riche en matériaux de construction finis. Et l'on ne peut être riche que de ce que l'on fabrique soi-même. Aucun projet de développement n'est d'ailleurs soutenable tant que l'on achète ailleurs les éléments de fondation de ce développement. Le programme national de logement ne peut réussir que si nous fabriquons nous-mêmes sur place le matériel de construction des maisons

L'Etat pourrait dans un premier temps construire de grandes scieries (à L'est du Cameroun par exemple) et les équiper du matériel dernier-cri en la matière. Puis il passerait au recrutement d'ingénieurs, dessinateurs, stylistes camerounais ou africains ou à défaut, des étrangers hautement qualifiés pour transformer notre bois en portes, fenêtres, lits, tables, parquets, armoires, cabinets tellement bien faits qu'ils devraient être capables de faire compétition avec le matériel que nos compatriotes importent de Chine, d'Italie ou des Etats-Unis.

L'un des objectifs de ce projet serait d'ailleurs de commencer à vendre des produits finis du bois pour gagner en valeur ajoutée. Un produit fini d'excellente qualité nous mettrait même en position avantageuse sur le marché international car notre matériel sera fait de bois véritable, de bonne qualité et non de déchets de bois revêtus qui se vendent sur le marché mondial. Que fera-t-on de tous ces intérêts privés étrangers surtout, impliqués dans l'exploitation du bois ? C'est à ce niveau que la volonté ou alors le courage politique entre en jeu.

Ce produit fini pourrait alors être exporté dans les pays de la sous-région et même en Occident. Ainsi les classes moyennes et aisées camerounaises, tchadiennes, sénégalaises ou maliennes n'éprouveront plus le besoin de faire acheter leurs fauteuils, salles à manger, bars ou armoires a des milliers de kilomètres s'ils peuvent trouver une qualité meilleure tout à côté, économisant dans le processus en frais de transport et injectant ces fonds dans notre économie.

La même idée pourrait être répétée à la céramique. Pourquoi en effet, ne construirons-nous une grande usine de céramique pour fabriquer des carreaux, des bidets de toilettes et tout le matériel semblable ? Cette technologie n'est pas hors de portée (éléments d'une politique industrielle).

Le secteur privé devrait êtreassociéà cette entreprise par la stimulation des investissements privés locaux dans d'autres aspects du projet (politique de l'entrepreneuriat). En effet, l'Etat pourrait encourager des hommes d'affaires et ingénieurs locaux à mettre sur pied des usines de montage des climatiseurs, des réchauds à gaz ou de machines à laver en association avec des éléments de la diaspora ou même des partenaires privés étrangers. Cette idée n'est pas difficile àréaliser. Djeukam Tchameni avait bien pu mettre sur pied une usine d'assemblage d'ordinateurs.

Le programme National de logement voit le jour

La production en grande quantité du matériel de construction sur place amortirait son coût de production et rendrait de façon logique les prix accessibles à presque tous. Si on peut trouver aux Etats-Unis,un pays au niveau élevé et à la vie chère, des climatiseurs neufs coutant moins de 100.000 FCFA, on devrait être capable de créer un environnement économique permettant de vendre un matériel pareilà un prix abordable pour l'Africain moyen. En fait on s'attendrait à ce qu'il soit moins cher si ce matériel était fabriqué au Cameroun.

Une fois ce matériel disponible à des prix bons-marchés, il serait alors facile de mettre en œuvre le programme national de logement. Il consisterait à construire après évaluation des besoins dans les deux grandes villes, les autres chefs-lieux de Régions des maisons de taille et de standing variés pour accommoder toutes les bourses. Il y aurait ainsi des appartements à 2 et à 3 chambres dans des immeubles, puis des maisons agencées, puis des maisons individuelles pouvant aller jusqu'à 4 chambres pour les plus nantis (La typologie de logement serait alors en adéquation avec les indicateurs tels le taux d'efforts ou ceux de la structure familiale que j'ai mentionné). Un programme similaire, de plus petite dimension pourrait être mis en œuvre dans des chefs-lieux de département et des villes plus petites.

Ce programme devrait être étendu aux villages avec l'utilisation du matériel de construction local du genre briques de terres et bois sommairement travaillé. La mise à contribution de la main d'œuvre locale aiderait à baisser encore plus les coûts de construction. Seulement, dans ce cas-ci, à cause du manque ou des faibles revenus, le programme national de logement devrait être précédé et rattaché à un autre programme, décrit dans un article antérieur et intitulé : Le Développement Passe Par La Redynamisation Des Zones Rurales. On ne peut prétendre avoir résolu la crise du logement en ignorant plus de la moitié de la population. La construction en très grand nombre de maisons devrait faire baisser sérieusement le cout de chacune d'entre elles.

Sur le plan financier, de faibles taux d'intérêts devraient permettre aux individus de faire une location-vente de 10, 20 ou 30 ans, temps à l'issue duquel la maison leur reviendrait.

Il serait exigé a tous les candidats le dépôt de 1 ou 2 ans de loyer d'avance pour protéger leur investissement en s'assurant que les payements ne seront pas interrompus même en cas de perte de l'emploi. (D'autres mécanismes peuvent êtres trouvés.

Une vaste clientelle potentielle à l'étranger

L'un des obstacles majeurs non seulement au retour, mais simplement au confort moral des éléments de la diaspora est l'absence d'un pied à terre au pays natal. Au-delà du prestige social que confère le fait d'être propriétaire de maison au « pays », il résout aussi un problème réel, celui d'un endroit où vivre pendant le séjour au pays.

En effet, lorsqu'ils viennent en visite, certains d'entre eux ne peuvent plus s'accommoder les conditions modestes de la maison familiale qu'ils ont laissée des années auparavant mais ne veulent non plus aller dépenser d'énormes sommes d'argent pour loger une famille de 4 dans un hôtel de la place pendant des semaines. Avoir une maison à eux leur offre la solution idéale.

Mais de nombreuses personnes font face à une difficulté énorme dans la résolution de ce problème. Ils ne sont pas nombreux à disposer de dizaines de millions de Francs CFA pour acheter une maison d'un seul coup au cours d'un séjour alors qu'ils ont d'énormes engagements financiers dans leur pays de résidence. Ceux qui ont les moyens de construire petit à petit une maison ne trouvent pas souvent, même dans leurs propres familles des personnes capables d'exécuter la tâche avec intégrité et diligence. Un dispositif fiable qui leur permettrait de s'approprier une maison que l'on paye à 200 ou 300 euros le mois serait la solution Et c'est à ce niveau que le programme national de logement intervient.

L'autre particularité de la diaspora est que ses membres disposent de devises fortes dont notre économie a besoin. Ainsi l'ouverture à la diaspora pourrait rapporter immédiatement des fonds au programme national de logement. Sans mentionner que le fait d'avoir un pied à terre encouragerait de nombreuses personnes à rentrer au bercail.

Les gestionnaires de ce programme devront mener une campagne intense auprès de la diaspora et même des nationaux des pays étrangers qui rêvent souvent d'un autre pied-à-terre dans une région du monde où la vie ne coûte pas cher, où il fait beau a longueur d'année et où ils pourraient vivre confortablement, même à la retraite.

Si les maisons sont jolies, l'environnement immédiat agréable, le pays en paix et en sécurité, ils prendront le risque de cet investissement. A titre d'exemple, de nombreux américains et canadiens achètent des maisons et prennent leur retraite dans les pays des caraïbes tels que la Jamaïque, Trinidad et Tobago, Les Iles St Lucia et au Ghana. De nombreux français prennent leur retraite au Maroc et en Tunisie

L'ouverture à une clientèle extérieure nantie garantirait le succès de ce projet et sa forte rentabilité


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