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20 juin 2014 5 20 /06 /juin /2014 21:27

Cameroun, Ils font l’apologie de haine de l’autre – les Camerounais doivent se mobiliser pour construire un Cameroun sans frontières internes :: CAMEROON

Vincent Fouda:Camer.beLe discours de haine de l’autre à cause de sa tribu, de son ethnie prolifère sur Internet, pas seulement sur les réseaux sociaux mais surtout dans les réseaux sociaux, sur les sites camerounais, surtout sur cameroon-infos.net. Les autres sites d’information ont su se distancer de ce type de discours et la palme d’or revient à cameroonvoice.com, site construit par un jeune ingénieur camerounais résidant à Montréal. Camer.be régule de plus en plus les échanges entre internautes ce qui limite les débordements haineux.

J’ai promis de ne plus faire de longues tribunes, alors allons à l’essentiel. C’est à cause de la haine de l’autre véhiculée par monsieur Patrice Nganang au moment du décès de monsieur Lapiro de Mbanga que toutes les cérémonies en hommage à ce grand défenseur des droits des plus démunis qu’il y a eu démobilisation ! Les 4 cérémonies organisées à des dates et en des lieux différents n’ont pas pu réunir une cinquantaine de personnes ! C’est un signal, il faut dire stop!

Ce que nous devons savoir

Les dispositions du droit international des droits de l’homme qui visent à lutter contre le discours de haine tiennent généralement compte des motivations en rapport avec haine raciale, ethnique et religieuse, comme c’est le cas du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Au niveau européen, le discours de haine, selon la définition retenue par le Conseil de l’Europe*,« englobe toutes les formes d’expression qui propagent, promeuvent, justifient ou incitent à haine raciale, la xénophobie, l’antisémitisme ou d’autres formes de haine fondées sur l’intolérance, y compris l’intolérance qui s’exprime sous forme de nationalisme agressif et d’ethnocentrisme, de discrimination et d’hostilité à l’encontre des minorités, des immigrés et des personnes issues de l’immigration. » Nous voyons là qu’il y a un encadrement juridique qui existe dans les espaces qui nous accueillent et nous reconnaissent comme citoyens. Il est donc possible que des poursuites soient engagées à l’encontre d’un certain nombre de personnes dont le discours et le fonds de commerce sont la haine de l’autre. La jurisprudence européenne peut donc être convoquée en Afrique comme en Amérique.

Le point de vue que je présente ici a été clairement affirmé en 2011, lorsque le Conseil de l’Europe a ouvert à la signature la Convention sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique (Convention d’Istanbul), qui impose aux États parties d’interdire le harcèlement sexuel, notamment le « comportement non désiré [par la victime], verbal, non-verbal ou physique, à caractère sexuel ».

La Convention met également en avant la participation du secteur privé et des médias et fait obligation aux États parties de trouver le moyen d’encourager les sociétés privées et les médias à définir eux-mêmes des normes d’autorégulation, par exemple pour restreindre toute forme de violence verbale ou physique basée sur la tribu ou l’ethnie, ce qui devrait englober le discours de haine comme nous le voyons de plus en plus dans nos médias en ligne ou à la Une d’un journal comme Emergence de Magnus Biaga. Le texte fait ici obligation aux gouvernements de mettre en place des mesures incitatives ou d’encourager sous d’autres formes les acteurs du secteur privé à faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’assurer qu’aucun de leurs produits, services ou publicités ne manifestent des tendances incitant à la haine de l’autre.

Il y a des petits malins qui pensent que le fait de se donner un pseudonyme sur Internet les protège des poursuites, mais que non! Ce volet n’est cependant pas de ma compétence. Je pense cependant que la charte des sites et des blogs devrait pouvoir préciser qu’il est possible de lever l’anonymat c’est-à-dire de rendre publique toute adresse sur Internet, les moyens existent pour le faire.

Les mesures nationales

Le Cameroun n’a pour le moment pas ratifié la Convention d’Istanbul mais cela ne veut pas dire que ses dispositions ne s’appliquent pas au Cameroun et à ses citoyens d’autant plus que ce qui va intéresser les uns et les autre ici, c’est la localisation de l’ordinateur à partir duquel l’infraction est commise. Les services de police, les journalistes, les agents de santé font aussi parti de ce dispositif de lutte contre toutes les formes d’incitation à la haine et la lutte contre toutes les violences suivant le principe de prévention, de protection, de poursuite et des politiques intégrées.

Il est également temps de vulgariser le droit suivant le principe qui veut que nul n’est censé ignorer la loi « nemo legemignorare censetur »! Les citoyens doivent donc savoir que toute apologie de haine fondée sur la tribu, l’ethnie, le genre, tout ce qui incite à la discrimination, à l’hostilité ou à la violence est condamné par le Pacte international relatif aux droit civils et politiques. Une fois de plus ce n’est pas seulement le fait d’être l’auteur d’un texte appelant à haine de l’autre qui est ici condamné; Est aussi condamné celui qui prend parti pour ce discours. Voilà pourquoi les commentaires qui accompagnent les articles haineux intéressent autant que l’article lui-même…

Que faut-il donc faire au niveau des médias?

Il me semble que la première mesure est en toute logique de ne plus servir aux lecteurs des discours haineux. Il est aussi important que les médias classiques comme les médias en ligne s’attachent davantage à dénoncer et à marginaliser les discours de haine.

Pour ce qui est de Facebook, le réseau social par excellence utilisé aujourd’hui par les internautes Camerounais, il est important de savoir que tout message, toute photo publiée reste, devient et demeure sa propriété. Il est donc possible de remonter à tout moment à l’auteur de la publication.

Aujourd’hui d’ailleurs, la direction de Facebook a décidé d’améliorer la formation de ses modérateurs, d’établir des voies de communication plus officielles et plus directes avec les groupes de sensibilisation et de renforcer l’obligation de rendre des comptes aux auteurs de contenus cruels ou indélicats, mais qui ne sont pas constitutifs d’un discours de haine. Il est important de briser la digue d’irresponsabilité qui s’érige aujourd’hui. Les actes posés par les uns et les autres ont des conséquences à court et à long terme. Il faut le rappeler, les atteintes à la vie privée par exemple celle de monsieur Samuel Eto’o est tout simplement condamnable au Cameroun mais aussi à l’extérieur du Cameroun.

En second lieu, il faut lutter contre le sentiment d’impuissance et/ou l’aliénation auxquels sont en proie de nombreux groupes de personnes comme on peut le constater dans un groupe comme le Code 237 qui est le groupe qui n’a pas mis de limite sur l’exposition de la vie privée. Le groupe le Cameroun c’est le Cameroun de Macaire Lemdja a mis un carton rouge sur la surexposition des photos de la vie intime de monsieur Eto’o sans pour autant les supprimer. Le groupe Jeunesse Bamiléké a fait un montage de photos à caractère pornographique par le sieur Lo Gilbertos Sanderos, (pseudonyme encore) le 17 juin 2014 et rendu public à 8h 48.

In fine, la liberté d’expression est un droit fondamental, qui doit être protégé, bien qu’il ne s’agisse pas d’un droit absolu! Certaines restrictions lui sont applicables, notamment en matière de discours de haine. Le discours de haine à l’encontre de l’ethnie, de la tribu, pose de plus en plus problème au Cameroun. La cohésion sociale est mise à rude épreuve au quotidien et l’on donne l’impression de nous ensauvager chaque jour un peu plus. Aujourd’hui ce n’est plus seulement l’Etat, mais chaque Camerounais qui a le devoir de lutter plus résolument contre ce phénomène!



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