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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 12:24

Le Cameroun résiste bien alors que les perspectives de croissance mondiales ont été revues à la baisse

 

L économie globale subit un ralentissement

Les projections sont en baisse

Les risques sont fortement en hausse

L’économie africaine devrait rebondir en 2012, après le repli général observé en 2011, à 3,4 %, provoqué par les révoltes populaires et l’instabilité politique.

Le continent se remet de la crise mondiale de 2009 et devrait poursuivre dans cette voie même si un nouveau ralentissement global freine sa croissance. Avec la reprise progressive dans les économies d’Afrique du Nord, la croissance moyenne du continent devrait repartir, à 4,5 % en 2012 et 4,8 % en 2013. À court terme, le contexte international restera difficile.

Sans perdre de vue les perspectives incertaines en Europe, l’Afrique doit garder le cap des réformes pour encourager la croissance et apaiser les tensions sociales à l’origine des révolutions arabes. Ces dernières ont provoqué un recul du produit intérieur brut (PIB) africain de 3,6 points de pourcentage en 2011, à un niveau de quasi-stagnation.

En Égypte, la croissance a chuté de 3,3 points de pourcentage en 2011, passant sous les 2 %, alors qu’en Tunisie, le repli de 4,2 points de pourcentage s’est traduit par une croissance négative d’environ -1 %. En Libye, la guerre civile a provoqué l’arrêt de la production de pétrole, d’où un effondrement de plus de 40 % du PIB. En Côte d’Ivoire, le conflit postélectoral explique un recul de presque 6 % du PIB. Autre événement politique majeur de l’année est la sécession du Sud-Soudan, qui prive le Soudan de la quasi-totalité de ses recettes pétrolières. Les deux pays n’ont pas encore trouvé de terrain d’entente autour de leur séparation, notamment sur les droits et les redevances pour l’acheminement du pétrole vers les marchés.

Certaines régions d’Afrique de l’Est ont été frappées par une grave crise alimentaire et le consommateur africain a, d’une manière générale, subi une inflation importée liée au renchérissement des prix alimentaires et des carburants.

La morosité du contexte international a aussi eu des répercussions sur les économies africaines. En témoigne la dégradation, au cours de l’année 2011, de l’évaluation économique trimestrielle des pays africains ayant pris part à un sondage international. Leur note était légèrement remontée au premier trimestre 2012 (figure 1.1).

Compte tenu de ces chocs, le recul moyen de la croissance en Afrique pour l’année 2011, à 3,4 % (contre 5 % en 2010) paraît relativement modéré et s’explique par les événements en Afrique du Nord. L’Afrique subsaharienne a continué de progresser à un rythme supérieur à 5 %.

Figure 1.01. Situation économique actuelle en Afrique et perspectives présumées des six prochain mois

Le continent africain continue de bénéficier de la croissance relativement soutenue des économies émergentes, comme la Chine et l’Inde, qui s’imposent peu à peu comme des partenaires incontournables pour les échanges et l’investissement[1]. Si cette évolution renforce la résilience des économies africaines, elle ne peut compenser pleinement les effets négatifs liés à la situation dans les pays avancés, d’autant que l’expansion des économies émergentes marque aussi le pas ces derniers temps (figures 1.2 et 1.3 ; encadré 1.1 ; les prévisions macroéconomiques détaillées pour l’Afrique et ses différentes régions sont présentées aux tableaux 1.Aa et 1.Ab à la fin de ce chapitre).

Les prix des matières premières sont retombés depuis leur pic, certains étant même probablement appelés à reculer encore, pénalisés par un affaiblissement de la demande et une augmentation de l’offre. Mais dans l’ensemble, les niveaux de prix devraient continuer de bénéficier aux exportateurs africains. Dans certains pays, la croissance sera dopée par la mise en exploitation de nouveaux champs pétroliers.

Une ombre persiste au tableau : l’aggravation de la crise de la dette souveraine en Europe qui ralentit la croissance mondiale. Cela devrait encore affaiblir les marchés d’exportation africains, déprimer les cours des matières premières et fragiliser la reprise sur le continent.

Avec une augmentation démographique annuelle supérieure à 2 % sur l’ensemble du continent, le PIB par habitant devrait progresser en moyenne de 2 à 2,5 % en 2012/13. Entre 2009 et 2013, la croissance annuelle par habitant devrait s’établir autour des 2 %, en recul par rapport à la moyenne de 3,5 % sur la précédente période de cinq ans. Dans de nombreux cas, la croissance ne suffira pas pour réduire significativement la pauvreté. La plupart des pays africains restent confrontés au défi d'une croissance plus robuste et inclusive.

 


[1] Voir le chapitre thématique consacré à cette question dans l’édition 2010 des Perspectives économiques en Afrique.

 

Figure 1.02. Croissance économique en Afrique

Le ralentissement de la croissance mondiale

Le rétablissement rapide de l’économie mondiale en 2010 après la profonde récession de 2009 a été suivi d’une croissance plus modérée en 2011. Le PIB des pays avancés a progressé bien plus lentement et la croissance mondiale devrait rester contenue en 2012. Au premier semestre 2011, le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon ainsi que la flambée temporaire des cours du pétrole liée au conflit libyen ont rejailli sur l’activité internationale. Bien que ces effets se soient tassés au second semestre, la confiance des ménages et des entreprises a pâti de difficultés non résolues en Europe et aux États-Unis sur le front budgétaire et celui des marchés financiers. Alors que certains pays, en particulier en périphérie de la zone euro, ont souffert de la hausse des taux d'intérêt provoquée par l’élévation des primes de risque, les taux d'intérêt à long terme des États solides restent à des niveaux qui n'ont jamais été aussi bas. Cela traduit l’aversion des épargnants et des investisseurs pour le risque et les anticipations sur une croissance atone qui va durer dans les économies avancées. Jusqu’ici, l’économie mondiale a su éviter une récession plus sévère, grâce à une croissance relativement soutenue même si elle commence à faiblir dans les économies émergentes, notamment en Chine et en Inde.

Ce coup de frein de l’économie mondiale a été ressenti dans certains pays d’Afrique, surtout ceux qui exportent en priorité vers l’Europe et les États-Unis. Les prévisions des Perspectives économiques en Afrique (PEA) pour le continent tablent sur un ralentissement de la production mondiale situé dans une fourchette de 3 à 3,5 % en 2012 (contre 3,8 % en 2011 et 5,2 % en 2010) avant une reprise progressive en 2013 voisine de 4 %. Le rythme des échanges internationaux devrait se tasser en volume à moins de 4 % en 2012, contre environ 7 % en 2011, pour reprendre en 2013 aux alentours de 5,5 %. La croissance de la production et des échanges mondiaux ne renouera pas avec les niveaux d’avant la crise. Entre 2004 et 2007, la croissance annuelle de la production et des échanges mondiaux s’était établie respectivement autour de 5 et 9 %. Mais en 2012 et début 2013, l’activité économique mondiale devrait se ressaisir, ce qui laisse entrevoir une croissance positive pour les exportateurs africains. Étant donné le fléchissement de la demande mondiale, les cours des matières premières sont retombés depuis le pic atteint début 2011. Ce repli devrait progressivement s’arrêter, la plupart des prix restant nettement supérieurs à leurs niveaux moyens des cinq années qui ont précédé la crise de 2009.

La croissance en Europe a marqué le pas en 2011 – une tendance qui devrait s’aggraver en 2012 avant la reprise attendue pour 2013. Les politiques d’austérité budgétaire, le ralentissement de la demande étrangère et, surtout, la perte de confiance liée aux remous des marchés financiers pénalisent toujours le vieux continent. Les manœuvres pour éviter toute contagion de la crise de l’endettement grecque aux autres pays de la zone euro – en particulier l’Italie, le Portugal et l’Espagne – n’ont que partiellement réussi et les primes de risque sur les obligations souveraines ont atteint dans certains cas des niveaux insoutenables. Les gouvernements ont imposé des programmes d’austérité supplémentaires et accru leur force de frappe financière pour restaurer la stabilité sur les marchés des capitaux à travers l’achat d’obligations d’État (une politique dite « d’assouplissement quantitatif »). La sortie de crise sera délicate, les marchés financiers exigeant davantage d’efforts pour réduire les dettes souveraines alors même que la demande fléchit, rendant cette tâche encore plus complexe. En outre, les banques européennes doivent augmenter leurs capitaux mais sont confrontées dans certains cas à des fuites de fonds. La Banque centrale européenne (BCE) est intervenue pour augmenter les liquidités et a ainsi réussi, du moins temporairement, à abaisser les primes de risque de certains pays. Pour autant, l’économie grecque reste engluée dans une crise de la dette qui s’ajoute au repli de l’économie et aux programmes d’austérité. En février 2012, le Parlement grec a approuvé un nouveau plan de rigueur pour obtenir une aide financière supplémentaire du Fonds monétaire international (FMI) et de l’Union européenne (UE). La restructuration réussie de la dette souveraine grecque en mars a considérablement réduit le niveau d’endettement du pays et ouvert la voie à un autre plan de sauvetage de l’UE et du FMI, à hauteur de 130 milliards d’euros (EUR). Pour l’instant, le spectre du défaut de paiement a été écarté. Le risque persiste, en Grèce et au Portugal, d'un défaut sous contrôle au sein de l’union monétaire ou de voir la zone euro exploser en plein vol. Cependant, ce ne sont pas les scénarios les plus probables. De fait, l’économie européenne envoie depuis quelque temps des signaux positifs. En Allemagne, la confiance des entreprises s’améliore. En 2012, la zone euro devrait enregistrer une croissance légèrement négative avant de se ressaisir en 2013. Mais la crise financière pourrait avoir des effets néfastes tenaces sur la croissance européenne alors que les pays luttent pour restaurer leur viabilité budgétaire. Cette situation pourrait aussi affecter la croissance africaine, l’Europe étant un important partenaire commercial et un gros pourvoyeur d’aide pour le continent.

L’économie américaine a elle aussi perdu du terrain en 2011, les effets positifs du cycle boursier s’étant dissipés. La consommation privée a été freinée par le surendettement des ménages, un chômage élevé et des prix énergétiques soutenus. Malgré des mesures de relance budgétaire, la consommation réelle et l’investissement publics sont en berne, les États et les collectivités locales diminuant leurs dépenses. Alors que le marché de l’immobilier restait déprimé, la demande globale a été tirée par la reprise des investissements des entreprises et le redressement de la balance extérieure. La croissance s’est accélérée vers la fin de l’année, sous l’effet de la reconstitution des stocks. Avec le redressement parallèle du marché du travail, le retour de la confiance et la reprise de la construction de logements, le risque d’une nouvelle récession s’éloigne. La croissance devrait s’établir autour des 2 % en 2012 avant de connaître une accélération graduelle en 2013. La politique budgétaire devrait rester modérément restrictive pour réduire un déficit important sans pour autant fragiliser la reprise. La Réserve fédérale (Fed) continue de doper l’économie en maintenant des taux d’intérêt entre 0 et 0,25 % et en élargissant la base monétaire par une politique d’assouplissement quantitatif. La Fed estime que la conjoncture économique – en particulier les faibles taux d’utilisation des ressources et l’inflation minimale – impose de maintenir le taux d’intérêt directeur (taux des fonds fédéraux) à un niveau exceptionnellement bas au moins jusqu’à fin 2014.

Au Japon, le très violent séisme et le tsunami qui ont frappé l’archipel en mars 2011 ont porté un coup d’arrêt à l’économie et auraient, selon les estimations officielles, entraîné des pertes à hauteur de 3,5 % du PIB environ. La croissance a rebondi les mois suivants, grâce aux dépenses de reconstruction, avant de chuter à nouveau vers la fin de l’année. Résultat, le PIB a perdu plus de 2 % en 2011. Le gouvernement a reporté l’assainissement budgétaire prévu, augmentant au contraire les investissements dans les infrastructures. Ces efforts ont été complétés par les investissements privés des entreprises et des ménages pour réparer les dégâts. La banque centrale a intensifié sa politique expansionniste en augmentant les achats d’obligations d’État et d’autres actifs financiers. Elle est aussi intervenue sur les marchés de change pour éviter la surchauffe du yen et stimuler les exportations. Le PIB devrait progresser modérément en 2012, dopé par les investissements publics et privés et la reprise graduelle de la consommation privée.

En 2011, la Chine a de nouveau affiché d’excellents résultats, avec une croissance de 9,2 % (contre 10,4 % en 2010), malgré le ralentissement dans les pays avancés et le durcissement de la politique monétaire pour endiguer les pressions inflationnistes. L’investissement est resté soutenu et la consommation privée s’est accélérée, grâce à l’augmentation des salaires et certaines dispositions budgétaires. La croissance des exportations s’est atténuée, même si les entreprises chinoises ont continué à augmenter leurs parts de marché. La croissance du volume des importations a elle aussi fléchi, mais les prix des produits importés augmentant plus vite que ceux des produits exportés, les termes de l’échange ont continué de se dégrader et l’excédent de la balance courante chinoise a littéralement fondu. L’inflation a atteint un pic au milieu de l’année 2011, au-dessus de 6 %, avant de reculer autour de 4 %. Vers la fin de l’année 2011, le risque d’un ralentissement économique majeur lié à l’atonie mondiale s’est accru et, pour la première fois en trois ans, la production industrielle a cédé le pas. Cette évolution a ravivé les craintes d’une entrée brutale en récession, auxquelles la banque centrale a répondu en abaissant son taux de réserve de 50 points de base. La faiblesse prévue de l’activité mondiale devrait ramener la croissance chinoise en 2012 autour de 8,5 %, avant une légère accélération en 2013. Conformément à son plan 2011-15, la Chine envisage de modifier son modèle de croissance, en tablant non plus sur les exportations et l’investissement mais sur la consommation et en faisant la part belle aux services plutôt qu’à l’industrie manufacturière. À moyen et long termes, la croissance chinoise devrait donc devenir moins gourmande en matières premières, ce qui devrait faire baisser la demande mondiale – un scénario susceptible de rejaillir négativement sur les exportateurs africains. Mais, dans le même temps et sous réserve de politiques adaptées, l’Afrique pourrait intéresser davantage les entreprises manufacturières, de Chine et d’ailleurs, ce qui contribuerait à sa diversification économique.

La croissance de l’Inde a ralenti en 2011, passant de près de 8 % au premier trimestre à environ 6 % au quatrième. Le secteur des services a continué de tirer l’économie mais l’industrie manufacturière a perdu de son dynamisme. Si la demande extérieure a fléchi, la demande intérieure est restée soutenue, dopée par la consommation publique et privée et par les investissements publics d’infrastructures. Grâce à une certaine modération des prix alimentaires et à une politique monétaire plus stricte, l’inflation était repassée sous les 7 % à fin 2011. L’assainissement budgétaire progresse. Le déficit du secteur public s’est réduit, de 9,5 % en 2009 à moins de 7 % en 2011, et le déficit du gouvernement central est tombé sous les 5 %. De bonnes précipitations au moment de la mousson devraient doper l’agriculture à court terme, mais la croissance des exportations faiblira à cause d’une moindre demande mondiale. En 2012, la croissance devrait légèrement marquer le pas, avant de repartir en 2013.

En 2011, les économies d’Amérique latine ont bénéficié de la bonne tenue des cours des matières premières et d’une demande intérieure florissante. Parallèlement, la demande des pays avancés a reculé et des taux de change soutenus, alimentés par des entrées de capitaux, ainsi que la pression des salaires, ont pesé sur la compétitivité. Les mesures visant à baisser les taux de change – en intervenant sur les marchés et en limitant temporairement les importations de capitaux pour atténuer la tension – n’ont que partiellement réussi. Le taux de croissance moyen de l’Amérique latine devrait marquer le pas en 2012, à 3,6 % (contre 4,6 % en 2011) puis s’accélérer à nouveau autour de 4 % en 2013. L’économie brésilienne a connu un sévère coup de frein au second semestre 2011, obligeant le gouvernement à annoncer des mesures de relance. La banque centrale a abaissé les taux d’intérêt pour éviter tout affaiblissement supplémentaire de l’économie. La croissance devrait rester faible en 2012, autour de 3 %, avant de regagner de la vigueur en 2013, à près de 4 %. Ces 20 dernières années, la croissance brésilienne a été plus inclusive et le taux de pauvreté a été réduit de moitié, grâce à la création d’emplois et à des politiques sociales efficaces.

Figure 1.03. Croissance économique mondiale
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