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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 16:52

Cameroun : 100 milliards Fcfa pour financer les électionsEn prenant, le 26 juin 2013, le décret prorogeant le mandat des conseillers municipaux, le président a montré à la face du peuple que lui-même n’a pas la totale maîtrise du calendrier électoral. En toile de fond, une question de moyens financiers.

C’est ce bout de phrase qui provoque la stupéfaction dans les milieux politique : «le mandat des conseillers municipaux est prorogé pour un délai supplémentaire de trois mois (…) sauf tenue durant cette période, d’élections municipales dans les conditions prescrites par la loi ». Cet extrait du décret prorogeant le bail des conseillers municipaux est interprété comme une hésitation, voire un  chambardement que vit Etoudi à ce moment. Car, si le président de la République a déjà prorogé une fois le mandat des conseillers municipaux par décret et fait proroger celui des députés quatre fois de suite, il n’a jamais fait mention de la possibilité d’abréger le mandat prorogé. Pour ce coup, il envisage pourtant bien d’abréger un mandat  déjà prorogé. C'est-à-dire que le président imagine bien qu’avant terme, (le 1er novembre 2013) des élections peuvent se tenir. Mais, ne néglige pas la possibilité de laisser les conseillers municipaux aller jusqu’au terme de leur nouveau mandat qui prend effet le 1er août 2013.

Où se trouve donc l’énigme ? Si la simple  observation du fait politique pousse à croire que, fidèle à sa réputation d’homme mystérieux,  le président manœuvre pour être le seul maître du calendrier, les informations en notre possession suggèrent que la vraie inconnue  du projet d’organisation, cette année, d’élections couplées est le financement. Car il faut trouver environ 100 milliards Fcfa, selon Elections Cameroon (Elecam)  pour l’organisation du scrutin proprement dit. Un montant qui vient s’ajouter à une dizaine de milliards débloquée pour les inscriptions endossées sur la biométrie.

Au vu de l’expérience de 2007 (date des dernières élections municipales), des experts électoraux estiment qu’avec un fichier d’environ 6 millions d’inscrits au lieu des 3,5 millions de 2007, il faut prévoir 200.000 Fcfa pour faire fonctionner les 25.000 bureaux de vote prévus dans le pays au lieu des 21.000 de 2007. Ce pan seul de l’organisation seul coûterait à l’Etat, près de 5 milliards. En sus, il faudra prévoir les bulletins de vote, des véhicules pour le déploiement des équipes d’Elecam, les frais de mission des agents de cet organisme sur le terrain et dans les tribunaux pour les contentieux pré-électoraux, ceux des forces de sécurité, de l’administration, éventuellement la prise en charge des représentants des partis politiques au sein des commissions mixtes locales  qui constituent le corps des ouvriers électoraux.

Causes fonctionnelles

En gros, il faudrait mobiliser une fortune colossale que l’Etat n’a pas en ce moment ou recherche encore, d’après nos sources. La cause de cette carence? La mise en place du Sénat et la prise en charge des sénateurs. Ce qui n’avait pas été prévu par le budget de l’Etat pour l’exercice 2013. Il y a également, l’organisation du Cinquantenaire de la Réunification attendue, la mise en place du Conseil constitutionnel également prévue cette année 2013 et même l’organisation du sommet des chefs d’Etat sur la sécurité et la sûreté maritimes tenu les 24 et 25 juin 2013. D’autres sources annoncent dans le sillage des ces difficultés financières, des causes fonctionnelles comme les dégâts causés sur l’exécution budgétaire par la nouvelle réorganisation due à l’implémentation du budget-programme.

Ces heurts n’ont pour autant pas  émoussé la volonté du pouvoir  d’organiser des élections couplées au mois d’octobre 2013 au plus tard  après un premier vœu de les tenir en septembre. Mais vus les délais (la convocation du corps électoral avant 90 jours) le mois de septembre étant difficilement tenable, l’on pourrait bien (si les questions budgétaires sont réglées) assister à des élections en octobre. Mais encore faut-il trouver le nerf de la guerre. Et pour le moment l’Etat ne dispose pas des fonds nécessaires. Il prévoit pouvoir les trouver à temps. Faute de quoi, l’on assistera avant le 22 juillet prochain à une nouvelle prorogation du mandat des députés. Ce, alors qu’il a été soufflé au bureau de l’Assemblée nationale que le mandat des députés ne sera pas rallongé à nouveau. Dans tous les cas, Paul Biya n’a pas le choix. A moins de modifier la loi, il sera bien contraint de cesser de proroger les  mandats des conseillers municipaux en février prochain puisque ces reports ne peuvent excéder 18 mois. Même si d’ici là, il faudrait  trouver de l’argent.

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