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5 février 2014 3 05 /02 /février /2014 08:13

Cameroun : Les jokers du Grand-Nord pour la vice-présidence :: CAMEROON

Cameroun : Les jokers du Grand-Nord pour la vice-présidence::CameroonLa perspective de l’instauration d’une vice-Présidence aiguise les appétits dans le Grand-Nord.

Inédit. Depuis le retour du multipartisme avec l’organisation des élections pluralistes en 1992, c’est la première fois que Paul Biya tarde à redistribuer les  cartes après une élection municipale ou législative. Généralement, deux mois au plus après les échéances électorales, il réaménage le gouvernement, récompense ses «généraux » qui ont bien mouillé le maillot, se sépare d’autres qui n’ont plus rien à apporter. A la même occasion, il convie d’autres alliés politiques - officiellement de l’opposition - à ce banquet national. C’est dans ce cadre que le Mdr, l’Undp, l’Upc etc se sont retrouvés dans des gouvernements successifs du Renouveau, assumant ainsi son bilan. Dans tous les cas, ce partage du gâteau après un scrutin est devenu au Cameroun, une tradition politique, un rendez-vous très attendu par l’opinion convaincue qu’il s’agit là d’une loi non écrite. Chacun attend la fumée blanche qui sortira d’Etoudi. C’est sans compter sur un Paul Biya jaloux de son statut de faucon et de maître incontestée du jeu politique au Cameroun. Le suspense dure depuis plus de cinq mois. Trop au goût de beaucoup.  

SUPPUTATIONS

Et comme la scène politique a horreur du vide, le débat politique est actuellement alimenté dans les coulisses par le projet d’instauration d’un poste de vice-président de la République. Ces soupçons, prêtés au chef de l’Etat, montrent que, quels que puissent être ses efforts, il lui sera difficile d’évacuer la problématique de sa succession jusqu’au jour où, il aura définitivement quitté le pouvoir. Il montre que, bien qu’il lui reste encore des années de mandat et beaucoup de projets pour le Cameroun, toutes les réflexions politiques sont orientées vers l’après-Biya. 

Autrement, quelques mois seulement après l’installation du Sénat dont le président est le dauphin constitutionnel du chef de l’Etat, pourquoi supputer encore sur une éventuelle instauration d’une vice-présidence ? «S’il avait un nom en tête, pourquoi ne l’avoir pas mis à la tête du Sénat ? La vice-Présidence va alourdir le fonctionnement du pays», regrette un ancien ministre. Peut-être que dans ce cas, le vice-président aura la lourde charge de terminer le mandat présidentiel si jamais l’indisponibilité du chef de l’Etat, pour une raison ou une autre, venait à être constatée. Donc, plus de période transitoire. 

Les analystes politiques ne savent plus où donner de la tête. Plus d’une fois, ils ont été pris à revers par le chef de l’Etat. Ils ont pronostiqué un remaniement avant la fin de l’année 2013 et toujours rien. Déjà, peu de temps avant, personne n’avait vu venir Marcel Niat Njifenji à la tête du Sénat… «Avec Biya, rien n’est impossible. C’est d’ailleurs ce qui est impossible qui devient possible chez lui. Si vous cogitez pour essayer de donner un sens à ses actions, vous aurez tout faux. La seule logique politique qui vaille, est la sienne. Il ne se soucie pas de ce qu’en dira-t-on. A partir de là, il peut très bien instaurer cette vice-présidence», explique un de ses anciens collaborateurs aujourd’hui incarcéré dans le cadre de l’Opération épervier. 

En distillant dans l’opinion ce projet d’instauration d’un poste de vice-Président, le chef de l’Etat aiguise les appétits et s’assure de la docilité d’une classe politique friande des titres et des avantages divers. L’idée d’un poste de vice- Président, avancée lors de la modification de la Constitution en 2008, avait par exemple créé de graves agitations dans la classe politique du Grand-Nord, d’abord réticente en privé à toute modification avant d’opérer un volte-face intéressée. Elle croyait non seulement que cette vice-Présidente allait effectivement être instaurée mais mieux, que ce titre, antichambre du pouvoir pensaitelle alors, allait échoir à un originaire de cette région… Hélas, la récompense n’a pas suivi. Depuis, le chef de l’Etat a montré qu’il se méfiait des hommes politiques du Grand Nord qu’il tient désormais à distance. Il a brisé la colonne nordiste avec une telle efficacité que sa classe politique est réduite à miser sur la chance. 

«Le Président ne peut pas choisir un originaire du Grand Nord à ce poste s’il venait à demander sa création. Il s’acharne à nous éloigner le plus loin possible du pouvoir, pourquoi nous mettre dans son anti-chambre. Tous ceux qui avaient une certaine épaisseur politique sont hors-jeu. Avant que Sadou Hayatou ne sombre dans la maladie, il l’avait déjà marginalisé. Marafa, il l’a embastillé. Ali ou Cavaye sont aujourd’hui en proie au doute. Il fait émerger Alamine et autres Abba Sadou pour leur compétence mais il sait très bien que ce ne sont pas des politiques qui peuvent rassembler au-delà de leur propre département», analyse un proche de Marafa Hamidou Yaya. 

CANDIDATURES

Nonobstant ces considérations, certains ne désespèrent pas de voir non seulement le poste instauré, mais encore qu’il tombe dans l’escarcelle d’un fils ou d’une fille du Grand Nord. L’expérience de Niat Njifenji montre que le chef de l’Etat n’est pas partisan d’un dauphin en bonne santé, à l’énergie débordante. En s’appuyant sur cette donnée, l’homme dont la candidature aurait le plus de chance de prospérer est Hamadjoda Adjoudji. Proche du chef de l’Etat depuis de longues années, l’actuel secretaire général adjoint du comité central du Rdpc est un des fidèles parmi les fidèles. Son poids politique n’est pas considérable et, avantage suprême, cet originaire de Mayo-Banyo dans l’Adamaoua est depuis quelques années un grand malade. 

Le chef de l’Etat peut aussi, dans une pirouette dont seul il a le secret, se tourner vers la région de l’Extrême-Nord, une de ses meilleures gâchettes électorales depuis plusieurs années. Amadou Ali, vice-Premier ministre et Ayanc Luc, président du conseil économique et social ont les faveurs des pronostics. Il peut aussi, dans sa quête permanente de surprendre l’opinion, se tourner vers un homme expérimenté, en réserve de la République depuis de nombreuses années : le ministre d’Etat Youssoufa Daouda. Handicapée par «l’affaire Marafa Hamidou Yaya», la région du Nord ne se fait pas beaucoup d’illusions sur la place qui est la sienne dans le coeur du chef de l’Etat. Toutefois, elle mise sur la candidature de Mme Yaou Aïssatou, au cas où le Président décidait de jeter son dévolu sur une femme. 

Cameroun : Les jokers du Grand-Nord pour la vice-présidence

 

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