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23 août 2016 2 23 /08 /août /2016 15:10

L ’actualité de ces derniers jours a déroulé le tapis à certains projets développés par le gouvernement dans le cadre de sa politique de construction des infrastructures énergétiques. Et l’opinion a eu droit à toute une campagne orchestrée autour de ces projets, comme si le gouvernement voulait tempérer les inquiétudes liées au déficit énergétique dans le pays, et justifier ce que nombre d’observateurs considèrent comme un échec qui freine le processus d’industrialisation du Cameroun. L’on a ainsi appris la mise en eau partielle du barrage hydroélectrique de Memve’elé.

Comme si une telle opération conjurait les délestages récurrents sous lesquels ploient encore les villes et les campagnes camerounaises. Au même moment, les responsables en charge de la construction du barrage de retenue d’eau de Lom Pangar tambourinaient sur les avancements du chantier à plus de 95 %, alors même que la région de l’Est croupit dans le noir. Des assurances qui ne diluent en rien les critiques nourries autour du déficit énergétique du Cameroun. C’est depuis au moins 3 ans que le ministre de l’Eau et de l’Energie avait annoncé la fin des délestages, et malgré d’énormes débours financiers dégagés pour y parvenir, la situation ne s’est pas améliorée. Entre 2011 et 2016, ce n’est pas moins de 1 700 milliards de Fcfa que l’Etat a débloqués pour les investissements dans le secteur énergétique, sur fonds d’emprunts réalisés auprès de certains bailleurs.

Le réseau interconnecté Sud, qui en est jusqu’ici le meilleur bénéficiaire, ne se porte pas mieux que les autres parties du pays. La centrale à gaz de Kribi, déjà opérationnelle, a bénéficié d’un financement de 175 milliards de Fcfa, et devait apporter 216 mégawatts dans le réseau, avec une possibilité d’extension de 330 mégawatts. Mais malgré son opérationnalisation, le déficit énergétique reste déconcertant dans le Ris - le Réseau interconnecté Sud.

Memve’elé dont l’exploitation est prévue en 2017, a absorbé la rondelette somme de 420 milliards de Fcfa, dont seulement 14 milliards de contribution financière du Cameroun, dédiés à l’aménagement de la route d’accès au barrage. Lom Pangar respecte le même schéma de financement. 238 milliards de Fcfa dont 99,5 milliards de participation camerounaise. Toujours dans le Ris, Le barrage de Mekim, sensé dégager 15 mégawatts d’énergie électrique, a vu son financement bouclé depuis 2013, avec en prime la construction de 100 Km en cours de ligne d’évacuation d’énergie de 225 Kv. Toutefois, la triste situation est loin d’être inversée.

Des projets en cours de financement

On n’a pas encore fait le bilan de tous ces investissements que le gouvernement continue de rechercher d’autres financements pour des projets contenus dans son pipeline. L’ambition est de trouver encore 3 700 milliards de Fcfa pour financer une panoplie d’autres projets d’ici 10 ans. Il en est ainsi de la construction du barrage hydroélectrique de Natchigal sensé produire 420 mégawatts d’électricité d’ici 2020, et dont les financements de 655,7 milliards de Fcfa sont déjà trouvés, suivant la même formule des emprunts internationaux.

Les travaux devront démarrer dans les mois à venir, avec l’espoir de mettre fin au délestage dans le Ris. Le Rin – le réseau interconnecté Nord, attend aussi de voir se développer ses projets. La construction du barrage de Bini-Warak dans l’Adamaoua, a déjà trouvé son financement de 280 milliards de Fcfa auprès d’Exim Bank de Chine, comme beaucoup d’autres projets. Elle devrait apporter une production supplémentaire de 75 Mw d’énergie électrique.

Dans le même sillage, le gouvernement espère trouver 640 milliards de Fcfa pour la construction du barrage hydroélectrique de Kilot, adossé sur la Sanaga, et qui est sensé produire 630 mégawatts d’énergie électrique. Dans le même ordre d’idées, le barrage de retenue d’eau de Mape cherche toujours son financement, de même que celui d’aménagement de Njock sur le Nyong qui nécessite 160 milliards de Fcfa pour la production de 120 mégawatts d’électricité.

Energies renouvelables : des solutions à l’abandon

Des milliards renversants à acquérir sous la forme d’emprunts pour un pays en mal d’équilibre financier. Pourtant, selon des expertises avérées, des solutions moins douloureuses existent qui pourraient permettre au pays d’alléger son déficit en matière énergétique. Des solutions qui vont du biogaz à l’énergie solaire en passant par l’énergie éolienne. Un projet de développement du biogaz a été développé en 2009 dans l’Adamaoua et a permis de construire à titre expérimental 108 bio digesteurs.

Mais depuis lors, le gouvernement semble négliger cette solution sans qu’on ne comprenne les raisons. Parallèlement, les hauteurs du Mont Bamboutos offrent des opportunités pour le développement de l’énergie éolienne. Les études de faisabilité réalisées au ministère de l’Eau et de l’Energie réclament seulement 80 milliards de Fcfa pour la construction d’une centrale éolienne sur ce sommet qui devrait dégager 75 mégawatts d’électricité.

Mais le gouvernement peine manifestement à réunir cette ardoise pourtant moins onéreuse, préférant recourir à des emprunts de centaines de milliards pour des productions énergétiques presqu’équivalentes. Quant au solaire, quelques projets ont vu le jour avant que le gouvernement ne s’en détourne manifestement. La phase pilote était sensée générer quelque 100 mégawatts d’électricité à travers la construction de 283 mini centrales. On peut à cet effet citer la ligne Yaoundé-Soa, des centrales de Tibati dans le Djérem, et la ligne qui dessert Ngoumou dans le département du ministre de l’Eau et de l’Energie.

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